Auteur : Liam63

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Canis lupus

Chapitre 19

A présent que Wufei avait convenu que sa place était à Wolf Lake, et plus précisément dans les bras de Duo, il songeait à la meilleure manière d'éduquer ces bras là ! Car il était absolument hors de question que Wufei Chang se soumette à qui que ce soit. Décidé à le lui faire comprendre dès le départ, il entreprit son plan versatile, destiné à démontrer qui porterait la culotte. La culpabilité de Duo était l'arme idéale pour profiter de la situation. Ce n'était peut-être pas très honorable certes, mais c’était efficace, puis il fallait bien l'admettre, ce petit jeu amusait grandement l'Asiatique. C'était un rien puéril, mais nul n'est parfait n’est-ce pas ?

Dans un premier temps il avait été plus capricieux qu'un enfant. Il voulait du chocolat, puis du jus d'orange, mais il avait aussi envie de rouleaux de printemps, puis non, finalement il préférait du maïs au beurre et ainsi de suite pendant quatre jours. Duo, sans rechigner, courrait partout en ville et dans la maison pour satisfaire à la moindre de ses demandes. Il avait également fallut s'occuper de Mao, que Duo avait récupéré à la gare. Là, les choses s’étaient un peu corsées, car le jeune métamorphe et le Pékinois se détestaient cordialement. Wufei trouvait très divertissant de les voir s'affronter. Mais au bout de quelques heures il soupçonna Duo d'avoir traumatisé son chien car celui-ci refusait de sortir de dessous le fauteuil de la chambre où il s'était réfugié en couinant. Néanmoins lorsque le jeune homme passait à proximité il essayait de lui mordre sournoisement les talons, ce qui dénotait un traumatisme somme toute moyen. Le Chinois avait décidé de passer sur cette énigme puisque, dans un certain sens, il était coupable.

Par la suite il avait choisit de s'attaquer à la décoration de la chambre. Wufei n'aimait pas la couleur de la housse de couette, et encore moins celle des rideaux ! La couleur étant très importante dans une guérison, il avait fallut mettre plus de bleu partout. Il avait également fallut prendre en compte l'art millénaire du feng-shui, et donc déplacer des meubles, en enlever, en rajouter... En bref, il n'y avait pas besoin de beaucoup d'imagination pour avoir une idée de ce qu'était la vie de Duo depuis le réveil de Wufei. Un très long chemin vers la rédemption ! D'un autre côté, le Chinois se montrait très tendre et très câlin pour que le gant de velours sur la main de fer soit le plus doux possible, et surtout le plus persuasif. Il ne négligeait pas non plus d'y rajouter une pointe de sensualité. La recette faisait miracle !

Vers la fin de sa convalescence il avait exigé que Duo leur trouve une maison. Bien sûr pour corser un peu les choses il fallait qu'elle soit comme si, mais pas trop comme ça, avec un peu de cela mais pas trop quand même etc... etc ... De fil en aiguille son amant finissait donc par visiter toute les demeures habitables de la ville, ramenant photos et descriptions à un Wufei, qui toujours souffrant, se devait naturellement de garder le lit. Il était seul à savoir qu'il était entièrement remis depuis une bonne semaine, c'est à dire dès le lendemain de leur ballade en forêt.

Au bout du compte il désigna la seconde habitation que Duo avait visitée. En réalité, il avait décidé à l'instant même où il avait vu la photo. Les trois autres visites étaient destinées à mesurer la patience de Duo, et Wufei dû bien admettre qu'il était surprenant. Il ne montrait jamais la moindre irritation. Au contraire, il était souriant, léger et "aux petits soins". S'il n'avait pas déjà été amoureux comme un fou, Wufei savait qu'il serait irrémédiablement tombé cette semaine là. C'est pourquoi un beau matin il décida d'arrêter ce jeu idiot et se leva. De plus il était pressé de voir Heero pour discuter avec lui des conditions de location, car la ferme que Wufei souhaitait habiter était la sienne. Celle héritée à la mort de son père plus exactement. Duo lui avait expliqué qu'il n'y aurait aucun problème car le Japonais refusait d'y mettre les pieds, il était même plutôt content que quelqu'un s'en occupe à sa place. Il lui avait vaguement parlé de conflit entre le père et le fils mais sans entrer dans les détails. Wufei était passé au bureau discuter avec l'adjoint du shérif et ils avaient très facilement convenu d'un accord. Heero demandait un loyer ridicule mais en contre partie il ne voulait rien avoir à faire avec la ferme. Toutes les rénovations, changements ou quoique ce soit que le couple estimait devoir faire ne concerneraient qu’eux. Une signature, une poignée de main et l'affaire était conclue. Le couple installait son petit "home sweet home".

Après le dîner Duo s'habilla pour aller s'occuper du club qu'il avait un peu négligé. Wufei le rattrapa sur le pas de la porte pour l'embrasser et tenta par des moyens très subtils et surtout très érotiques de le retenir. Duo essayait tant bien que mal de résister à ces mains délicieusement baladeuses.

- Arrête... Il faut que j'y aille.

- Juste un petit câlin pour te donner envie de rentrer.

Duo éclata de rire.

- Je n'ai déjà pas envie de partir, alors crois-moi dés que je peux, je suis de retour !

Wufei déposa un baiser affectueux sur ses lèvres.

- Je t'aime.

Duo l'enlaça et se serra très fort contre lui.

Mao eut un reniflement méprisant et rentra se coucher près de la cheminée.

- Il y a une question qu'il faut que je te pose avant que tu y ailles... Ca fait un moment que je veux le faire mais à chaque fois j'oublie...

En fait ce n'était pas tout à fait exact. Quelque part Wufei avait un peu peur de ce que son compagnon pourrait répondre. Sa conversation avec le bison blanc lui avait paru si réelle... Et pourtant un détail infime lui permettrait de savoir si tout cela n'était qu'une hallucination due à son état. Une toute petite boule de poils roux qui s'accrochait à la vie comme je n'avais encore jamais vu un nouveau-né le faire...

- Les métamorphes ne deviennent des loups qu'à l'adolescence n'est-ce pas ? On ne voit pas de bébé loup ?

Duo l'observa, les yeux écarquillés.

- Pourquoi demandes-tu ça ?

- Un truc idiot que j'ai rêvé pendant mon inconscience...

- Hé bien... En générale nous n'en voyons pas non. Mais il y a eu une exception.

- Toi...

- Oui. Personne n'a vraiment su pourquoi. Je suis né prématurément et avec des poumons fragiles. A trois mois j'ai attrapé une très mauvaise pneumonie et le médecin a dit à mes parents que j'allais mourir. Mon organisme n'était pas assez fort pour combattre... Et... Je me suis transformé... Comme ça, sans que personne ne comprenne comment j'avais fait. Treize dit que c'est parce que je refusais de quitter la vie, de partir sans combattre. Le loup a guéri en deux jours. Et je n'ai plus jamais souffert de quoi que ce soit, même si je reste un loup un peu plus petit que la moyenne.

- Alors c'était vrai...

- Quoi ?

- Tout ce que le bison blanc m'a dit.

Duo regardait Wufei avec respect. Il oubliait par moment qu'il était le Lien et pas seulement son compagnon.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

Wufei lui sourit avec tendresse.

- Que tu étais une très jolie boule de poils !

Duo éclata de rire.

- Ben au moins il a du goût ! Il faut vraiment que j'y aille là... Je rentre dès que je peux...

Le jeune homme grimpa dans sa voiture et Wufei rentra se mettre au chaud à l'intérieure. Dans le salon il se baissa pour caresser son chien.

- Il faudra bien que vous fassiez la paix un jour ou l'autre.

Mao se contenta de détourner la tête, avec un royal dédain et le Chinois soupira.

- C'est pas gagné.

Depuis son réveil, chez Treize et Duo, l'Asiatique se demandait ce qu'il allait devenir au point de vue professionnel et cette préoccupation le minait un peu même s'il n'en montrait rien. Il y avait bien un journal ici, mais il ne comptait que deux employés qui se suffisaient à eux même. Il avait donc envoyé sa candidature pour du free lance mais ne se faisait guère d'illusions, son CV ne jouait pas vraiment en sa faveur.

En fait, il n'avait plus vraiment besoin de travailler puisque la communauté de Wolf lake le prenait totalement en charge, afin qu'il puisse se consacrer à son statut de Lien, mais Wufei craignait de s'ennuyer à la longue. De plus il préférait avoir ses propres revenus, ça le tranquillisait. Il n'aimait pas l'idée de dépendre de qui que ce soit.

Il servit son repas à Mao puis alla naviguer sur le web pour s'occuper. Dans la soirée il consultât ses mails et fut surpris d'y trouver le message d'un journal qui s'intitulait "Gaïa". Celui-ci lui proposait un emploi, suite à sa demande. Wufei n'avait jamais envoyé quoique ce soit à ce groupe de presse, il en était certain ! Néanmoins il ne se posa pas d'avantages de questions en constatant que le magazine était un ardent défenseur de l'écologie, et que son logo était un bison blanc. Il sourit, d'un air entendu, comme s'il venait de partager une bonne blague avec un vieil ami. Le Pékinois percevant une présence leva la tête pour inspecter les lieux. Il n'y avait rien de visible pour des yeux humains mais il remua la queue, visiblement rassuré et heureux.

Heero jeta dans la corbeille, près de son bureau, un journal de Seattle qui parlait de la disparition du patron d'un journal. Mr. Van Halen. C'était un tout petit encart qui demandait si quelqu'un avait aperçu l'homme. Après enquête le Japonais compris qu'une petite cousine pourrait éventuellement hériter si l'on retrouvait son corps, ce qui lui éviterait d'avoir à attendre le délai légal, c'était donc elle qui avait fait paraître l'annonce. Il sourit en songeant que la demoiselle allait devoir prendre son mal en patience puisqu'il ne restait plus rien ni de sa voiture, ni de son matériel et encore moins du personnage. D'après les investigations de Heero sur la carte de crédit, Van Halen n'avait réservé dans aucun hôtel à proximité, et son dernier plein d'essence remontait à plusieurs kilomètres de chez eux, dans une petite ville ouverte sur bien des destinations. Aucune chance donc de remonter jusqu'à Wolf Lake. Quant aux deux chasseurs disparus, ils avaient vraiment disparus ce qui n'était pas étonnant avec la terrible tempête qui avait suivit et les nombreux animaux sauvages en quête de nourriture. Le dernier, à l'hôpital avait fait un malencontreux arrêt cardiaque. Le ménage avait été fait et bien fait ! Zech et Heero y avaient veillé.

Il en était là de ses réflexions lorsque Trowa pénétra dans le poste de police avec un air déterminé qui ne présageait rien de bon. Il se planta devant le bureau de son compagnon.

- Il faut que nous parlions.

- Je crois que ce n'est pas le lieu idéal.

- Non ça ne l'est pas, mais ce n'est pas comme si tu me laissais le choix.

Zech toussota un peu, prit ses deux adjoints par la peau du cou et sortit sous prétexte d'aller boire un café. Heero et Trowa restaient seul, se fixant du regard comme des adversaires.

- Et bien vas-y je t'écoute maintenant.

- Ca ne peut pas continuer comme ça Heero, il faut résoudre le problème. Tu m'évites constamment.

- Je ne t'évite pas j'ai eu du travail.

- Ho je t'en pris ! Ne me sers pas une excuse aussi surannée tu veux ! Tu as peur de moi admets-le.

Heero se leva si brusquement que sa chaise se renversa en arrière. Il fixa Trowa d'un regard enflammé par la colère. Un grondement sourd s'échappa de sa gorge.

- Ne te berces pas d'illusions.

Trowa resta impassible, comme un arbre effleuré par quelques gouttes de pluie insignifiantes.

- Tu as peur d'une intimité avec moi. C'était un viol Heero et tu as beau jouer les matamores et faire comme si rien ne s'était passer, éviter toute conversation sur le sujet, les faits restent les faits. Nous fonçons droit dans le mur si tu n'acceptes pas cette réalité. Il n'y a rien de honteux à ça, et je comprends que...

- Ferme-la ! Tu ne comprends rien du tout.

- Explique-moi alors.

Heero se renfrogna et continua à grogner.

- Je suis un dominant et je ne veux pas être autre chose...

- C'est donc ça...

Le Japonais avait toujours voulu que Trowa devienne un loup et soit un jour son compagnon, mais il n'avait pas songé une minute, étant donné le caractère paisible du jeune homme, qu'il puisse être autre chose qu'un dominé. Mais voilà, Trowa révélait un visage que la plupart ignoraient jusqu'à présent. Ils avaient tous confondu impassibilité et soumission. A présent sa vraie nature s'imposait et il était un dominant, presque autant que Treize, et il était évident pour tout le monde que le futur chef de meute ne serait probablement pas Heero au final.

Dans le fond il ne l'avait jamais voulu, ça ne l'intéressait pas cette responsabilité, lui il préférait l'action, en faisant parti du bureau du Shérif, mais se faire passer devant par Trowa lui hérissait le poil et toute une partie de lui refusait cette domination. Dans toutes ses relations qu'elles soient sociales ou intimes, il avait toujours été le dominant, sauf avec Treize, mais ce n'était pas la même chose, Treize était le chef de meute et cela lui paraissait normal.

Trowa le crucifia littéralement de son regard plus froid que l'Articque.

- Au moins maintenant je sais où se situent les limites de ton amour. Tu es pitoyable. J'espérais que notre relation vaudrait mieux qu'une simple question de dominance. Mais si c'est la dessus que tu veux qu'elle repose, prépare ton arrière train Heero, parce que je ne te raterais pas lors de nos prochaines chaleurs.

Heero resta sans voix et le jeune métamorphe quitta la pièce d'un pas raide. Le Japonais n'arrivait à croire ce qu'il venait d'entendre, et ce qu'il n'arrivait surtout pas à comprendre, c'était cette excitation que la menace de Trowa avait éveillé en lui. Heero n'était plus qu'un amalgame de sentiments complexe, voir opposés. Les chaleurs... Elles survenaient tous les vingt uns jours et peu de métamorphes y échappaient. Cette nuit là il n'y avait pas beaucoup de buissons où il ne se passe pas de drôle de choses.

- Je me demande si Duo a parlé de ce détail à Wufei...

Un sourire sardonique étira ces lèvres à cette pensée. Il regarda par la fenêtre et vit "son compagnon" qui discutait avec l'épicier tout en choisissant des fruits sur l'étal.

- Je t'attends Trowa.

Un grondement menaçant sortit à nouveau de la gorge du Japonais.

 

 

A suivre...

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