Auteur : Liam63

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CANIS LUPUS
Chapitre 9

 

Wufei se força à ouvrir les yeux malgré la migraine abominable qui lui martelait les tempes. Il se sentait engourdi, comme si son corps s'était brusquement allégé de plusieurs kilos. Il croisa deux améthystes inquiètes qui le dévisageaient. Il voyait les lèvres de Duo remuer mais ne saisissait pas le sens de ses paroles, ni même le son qui lui parvenait assourdi. Ces sensations lui rappelaient ses quelques essais de plongée sous-marine... Avec Meiran... Il y avait longtemps maintenant... Non, en fait pas tant que cela... Trois ans était-ce long ou pas ? Il se sentait confus, comme si plus rien n'avait de limites, le temps, les lieux, les hommes, les arbres, les animaux, lui... Le visible et l'invisible... "Tout dans un et un dans tout". Il éprouvait une intense frustration, presque de la colère. Il savait avoir possédé une connaissance immense durant quelques minutes, TOUTE la connaissance. Les choses lui étaient alors apparues si claires, elles avaient un sens, même les plus futiles, les plus injustes et les plus incompréhensibles... Mais à présent il redevenait un homme avec ses faiblesses et surtout son ignorance. Dieu qu'il s'était sentit ignorant durant... Durant quoi ? Il ne s'en souvenait déjà plus. Il se rappelait juste de la lumière blanche, de l'amour qu'il avait ressenti, d'une sensation de bien être comme il n'en avait jamais connu, sauf peut-être dans le ventre de sa mère. Sa mère... Sa vraie mère... Ne lui avait-il pas parlé ? Il ne savait plus. Tout s'effaçait comme une photo mise trop tôt à la lumière.

Peu à peu il prenait conscience du sol dur et froid sous lui, de la pluie qui s'éparpillait en gouttelettes sur son visage, et de la chaleur de Duo contre lui. Il entendait le bruit de la rivière sauvage et furieuse, gonflée par la pluie, le tonnerre qui par instant grondait dans la nuit, et le vent dans les arbres. Il voyait les éclaires déchirer le ciel sombre, la pleine lune qui trouait difficilement quelques nuages et la silhouette de Duo, faiblement éclairée par la lumière sélène. Il respirait l'odeur d'une plante qu'il ne connaissait pas, celle, plus primitive, de la terre détrempée, et la senteur, à la fois douce et mordante, des sapins et des séquoias. Une odeur de chien mouillé aussi. Il déglutit pour essayer de chasser le goût métallique qui envahissait sa bouche et lui rappelait fortement celui du sang, bientôt remplacé par la pureté de l'eau de pluie et les lèvres douces de Duo qui se posèrent sur les siennes, aussi légères qu'un papillon.

- Wufei...

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Tu as dévalé la pente.

Le jeune homme indiqua un point derrière lui et Wufei essaya de voir de quoi il parlait.

- Je serais mort... Au minimum en plusieurs morceaux...

- Il faut croire que ce n'était pas ton heure. Tu n'as même pas une égratignure.

Pourtant il y avait du sang sur le sol, beaucoup, mais Duo préféra se taire.

- Ça fait longtemps que je suis inconscient ?

- Je ne sais pas, je t'ai trouvé il y a cinq minutes.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je te cherchais.

Wufei commençait à retrouver son fameux esprit analytique que beaucoup avait craint par le passé.

- Pourquoi ici ? Je devais aller voir la maison Jenkins.

Duo lui sourit.

- Je ne t'ai pas cru.

Pour la première fois depuis qu'il avait ouvert les yeux il le regarda vraiment, enfin plus bas que son visage.

- C'est le coup que j'ai reçu à la tête ou tu es tout nu ?

- Ho c'est sûrement un fantasme. Plaisanta le jeune homme.

Les lèvres de Wufei s'étirèrent en un sourire sardonique.

- Si c'était un phantasme tu serais bien plus baraqué ! Là tu ressembles à une Raie Manta.

- Ce que tu peux être méchant quand même. Tu vas mieux ça se voit ! Comme on dit chassez le naturel...

Wufei éclata de rire malgré une situation qui ne s'y prêtait pas du tout et son crâne affreusement douloureux.

- Vas y fous-toi de ma gueule je te dirais rien ! Je me demande bien pourquoi je suis venu te chercher, je suis vraiment trop con !

Le Chinois reprit son sérieux. Il se redressa plus franchement et posa ses mains de chaque côté du visage de Duo.

- C'est incroyable. Souffla-t-il.

- Quoi ?

- A quel point tu manques d'assurance en réalité.

Le jeune homme essaya de détourner la tête mais Wufei l'en empêcha.

- Au début je te trouvais imbus de toi-même. Je me disais que tu étais trop conscient de ta beauté et que tu l'utilisais un peu comme une arme... Pour envoûter. Mais en fait c'est plus toi que tu cherches à convaincre que celui que tu essais de séduire. Je ne sais pas pourquoi tu doutes, mais je peux te certifier que tu es le type le plus beau et le plus sexy que j'ai jamais rencontré. Ce serait si facile de tomber amoureux de toi... Si facile que cela en devient effrayant. Ceci dit, cela ne m'explique pas pourquoi tu te ballades à poil en pleine forêt, la nuit et au mois de novembre.

- Parce que justement en règle générale je suis à poils.

- Tu veux dire que tu es un exhibitionniste ?

- Mais non ! Écoutes, il fait froid, on est fatigués, il va falloir marcher pendant au minimum une heure dès que l'on aura réussi à grimper cette foutue pente, alors je ne crois pas que ce soit le moment d'avoir une conversation.

- Ça me fait mal de l'admettre mais tu as raison. On y va ?

Ils se relevèrent et Wufei ôta sa veste Trois-quarts pour la prêter à Duo.

- Non, ce n'est pas la peine.

- Ne dis pas de connerie tu es en train de devenir bleu ! Moi j'ai un pull et un sous pull, avec la marche et ton petit cul qui s'agite devant moi ce sera suffisant pour me tenir chaud.

Si duo n'était pas aussi transis froid qu'un humain, il était tout de même glacé. Il enfila donc le vêtement qui lui arrivait à mi-cuissess. Il agrafa tous les boutons puis surpris le regard enflammé de Wufei en relevant la tête. Si le Chinois lui avait prêté ce vêtement c'était bien évidemment pour protéger Duo du froid mais aussi pour dissimuler une nudité qu'il trouvait un peu trop affolante dans la situation actuelle qui réclamait sérieux et concentration. Seulement, à sa grande surprise, il était tout aussi excitant, voir plus, à moitié habillé. "Encore une chance qu'on y voit pas grand chose !" Songea Wufei

- Quel crétin a dit que la migraine tuait la libido ? Ronchonna t-il, un peu contrarié de ce subit manque de contrôle sur sa personne.

- Je ne sais pas. Moi j'ai jamais la migraine.

- Jamais ?

- Non.

- Intéressant.

Duo préféra ignorer le ton lubrique et contempla la pente pour repérer le chemin le plus praticable. Wufei s'étira pour tenter de chasser ses courbatures et réalisa qu'il ne souffrait pas vraiment. Il ne sentait plus du tout les entailles laissées par la mâchoire puissante du loup. Étonné, il examina son avant bras mais... Ne trouva rien. Pas la plus petite trace de quoique ce soit. Il porta la main à son coup mais ne trouva rien là non plus.

- Ce n'est pas possible !

Alerté par le ton presque paniqué, Duo se tourna vers Wufei, qui malgré la pénombre regardait à présent autour de lui les traces de sang frais sur le sol. Il était un peu délavé par l'eau de pluie, mais restait très visible. Il y en avait une grosse quantité.

- Je ne comprends plus rien...

- C'est sûrement celui d'un animal.

Wufei tendit son bras.

- Je ne sais pas exactement dans quel état je devrais être après une telle dégringolade, bien que j'en aie une petite idée mais avant j'étais blessé, ça j'en suis sûr ! Je ne suis quand même pas fou ! Un loup psychotique a essayé de me bouffer et un autre est venu lui disputer son bifteck ! Pourquoi tu crois que je me ballade en plein milieu d'une forêt ? Pour profiter du temps magnifique qu'il fait aujourd'hui ?

- Tu as peut-être imaginé des trucs... A cause de la chute.

- Ha oui ? Et comment expliques tu ça ?

Sur les vêtements de Wufei il y avait toujours des marques de sang, certaines dues aux morsures, d'autre à la chute, et des déchirures dont une partie seulement provenait de la glissade monumentale du Chinois.

- Je ne sais pas...

- Pourquoi suis-je persuadé du contraire ? Je veux comprendre...

- Ce n'est peut-être pas de comprendre qui est important mais le fait que tu sois vivant et en bonne santé.

Wufei réfléchit un moment puis sembla convenir que Duo n'avait pas tord. Peut-être devrait-il être tout simplement reconnaissant d'être encore en vie et renoncer à comprendre. Du moins pour le moment. La lune disparut à nouveau derrière les nuages pour les laisser dans le noir complet.

- Super, notre situation s'améliore.

- Et encore t'as raté l'ours. Murmura Duo avec ironie.

- Quel ours ?

- Bah laisses tomber. Donnes moi la main.

- Tu crois que c'est le moment de se la jouer romantique ?

- C'est pour te guider crétin.

- Où ça ? Il fait noir comme dans un four !

- Je suis nyctalope.

- Tu vois très bien le jour.

- Et alors ?

- Alors un nyctalope a une vision faible le jour qui s'améliore la nuit, donc tu n'es pas nyctalope.

Duo se senti affreusement humilier de recevoir cette leçon de vocabulaire et sur un ton si professoral. Il s'était toujours considéré comme quelqu'un de raisonnablement cultivé jusqu'à l'arrivée de Wufei. Pas autant que Treize ou Quatre, mais dans une moyenne qui n'avait pas à lui faire honte.

- Bon je ne sais peut-être pas comment ça s'appelle mais je sais que ça va nous sortir de la mouise ! Si la leçon est terminée on peut y aller ?

- Duo...

- Tais toi et arrête de me poser des questions ça m'emmerde. C'est à croire qu'en dehors des vacheries et des questions tu n'as rien a me dire ! Je peux très bien parler littérature, géographie, histoire, politique ou biologie moi aussi. Je ne suis pas l'abruti que tu t'imagines !

- Je n'ai jamais pensé que tu étais un abruti.

- Bien sûr que si.

- Absolument pas.

- Si.

- En ce moment en tout cas c'est bien imité ! Je suis désolé, si je t'ai vexé, ce n'était pas mon intention. Il y a des tas de choses que j'ignore et je n'en fais pas une maladie.

- J'en fais pas une maladie !

- Non mais est-ce que tu t'entends ?

- On y va.

Duo prit la main de Wufei avec brusquerie mais le regretta aussitôt en sentant un violent élancement au niveau de son épaule. Les deux hommes commencèrent néanmoins à remonter. Ils progressaient lentement, avec prudence. Très vite il devint évident qu'il fallait s'accrocher aux herbes et aux branches des buissons pour trouver un appui. Duo conduisait le Chinois comme il le pouvait. Le visage crispé il essayait d'oublier sa douleur. Wufei senti la main de son ami trembler un peu dans la sienne et se rappela enfin que celui-ci était blessé. Il fut tenté de le relâcher pour le soulager mais c'était prendre le risque d'une nouvelle chute. De toute évidence Duo savait réellement où il allait. Pas lui.

- Ça va ? Demanda t-il inquiet.

- Oui.

- Pourquoi n'avons nous pas suivie la rivière d'en bas ?

- On aurait pu le faire sur quelques mètres... mais plus loin il aurait fallut de toute manière remonter... Il a beaucoup plut ces derniers temps et la rivière a grossi... En été on aurait pu passer mais pas cette nuit...

- Duo ?

- Oui ?

- Je suis incapable de parler biologie... et la politique ça me gonfle... ça va ton épaule ?

- Faudra bien.

Les derniers mètres furent un calvaire pour Duo mais il continua à grimper. Il disait à Wufei où mettre ses pieds et où s'accrocher. Lorsque les deux hommes parvinrent au sommet ce fût un soulagement et ils purent enfin se reposer et profiter de la chance incroyable qui leur avait permis de ne pas redégringoler aussitôt. Ils s'appuyèrent contre le tronc d'un séquoia majestueux qui avait vu défiler bien des années. La pluie s'était enfin arrêtée de tomber. Wufei tendit la main vers Duo pour examiner son épaule.

- Hé ! Touches pas !

- Je veux juste voir si elle est déboîtée. Si c'est le cas il faudrait la remettre en place.

- Ouai ben ça attendra parce que t'es pas médecin !

- Toi non plus et ça ne t'empêche pas de soigner Trowa.

- Moi je suis guérisseur.

- Et tu l'as eu où ton diplôme de guérisseur ? Dans un maxi burger Mc Donald ?

- Pauvre con !

- Arriéré !

- Monsieur Chang s'imagine sans doute qu'il suffit d'avoir eu un minable petit diplôme de journalisme pour tout savoir !

Wufei se garda bien de préciser qu'en réalité il avait fait un triple cursus, Journalisme, droit, littérature dans l'une des universités les plus cotée du pays.

- Très bien fait comme tu veux c'est ton épaule pas la mienne.

- Elle me fait mal mais elle n'est pas déboîtée. Repris Duo plus doucement en posant la main de Wufei sur son épaule et en s'appuyant contre lui.

Wufei fut d'abord un peu surpris par ce revirement mais referma ses bras sur le jeune homme qui grelottait de froid presque autant que lui. Ils ne devaient pas rester ainsi.

- On doit y aller Duo.

- Accorde-moi rien qu'une minute s'il te plaît.

Quatre examina Trowa puis se tourna vers Heero.

- Qu'est-ce que tu as fait ?

- Pourquoi pars_ tu du principe que j'ai fait quelque chose ?

- Parce que Duo n'aurait pas laissé Trowa sans une très bonne raison.

- Elle a un nom ta bonne raison. Elle se nomme Chang Wufei.

- Tu es en train de me dire qu'il a abandonné un ami qui va... Très malade, pour aller roucouler ?

Heero eut le bon goût d'avoir honte et de baisser la tête.

- Pas exactement. Je... J'ai faillit faire une connerie.

Le blond resta silencieux, attendant que le Japonais poursuive.

- Le journaliste est passé ce matin. On a cru s'en être débarrassé mais on a très vite compris qu'il essayait de revenir discrètement. J'ai pensé que ce serait une bonne idée de l'effrayer... Qu'ensuite il retournerait en ville... Et que dans la foulée il courrait jusqu'à Seattle.

- Mais ?

- Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai perdu les pédales et je l'ai attaqué. Vraiment attaqué.

- Il est blessé ?

- Ben oui, un peu. Je pense que Duo est resté pour le soigner.

- Putain Heero mais qu'est-ce qui t'a pris !

- J'en sais rien je viens de te le dire ! Tout à coup je me suis senti submergé par la colère... En plus ce con m'a tiré l'oreille.

- Il t'a servi d'exutoire.

- Qu'est-ce que tu entends par là ?

- A force tout contrôler, de tout garder pour toi depuis l'enfance tu as explosé et c'est tombé sur ce pauvre Wufei. Tu es furieux de ne rien pouvoir faire pour Trowa et c'est ça qui a tout déclenché. Tout côté loup n'a obéit qu'à la rage et à ton envie de tout détruire. La majorité des gens évacuent leur stress et leurs angoisses par des disputes, des bagarres ou en donnant des coups de pieds dans les meubles... Toi tu ne perds jamais ton calme, tu ne laisses jamais rien transparaître, si bien que la plupart des gens pensent que tu es incapable de ressentir quoique ce soit. C'est comme une cocotte minute dans laquelle s'accumule la vapeur.

- T'as de ces comparaisons.

- Je vais appeler Treize.

- Non. Si tu fais ça Duo risque d'être exilé de la meute. Il n'aura plus le droit de revenir en ville et devra survivre dans la forêt par ses propres moyens, tu le sais aussi bien que moi.

- Treize ne fera jamais ça.

- Et s'il le faisait ? J'ai commis une erreur en attaquant Wufei et j'aurais des ennuis c'est sûr, mais Duo a commis LA faute ? Chang reste un étranger. "LA MEUTE DOIT PASSER AVANT TOUT" C'est la règle numéro un, on nous l'a assez seriné ! Je ne suis pas sûr que Treize lui pardonnera cette fois.

- Heero Yui veut mentir à son chef de meute et couvrir une faute ?

Une lueur d'amusement passa dans les yeux azur de Quatre.

- Je crois que ce serait injuste... Je ne sais pas pourquoi Duo est si amoureux de ce type, mais maintenant je suis sûr qu'il l'est. C'est de ma faute ce qui est arrivé. De plus nous ne mentons pas à Treize, nous oublions de l'informer. Et puis... Si Trowa était resté humain et qu'il ait été en danger... Moi aussi j'aurais désobéis. Trowa serait passé avant la meute et je me serais royalement foutu des conséquences. Est-ce qu'il t'a déjà parlé de moi ? Trowa je veux dire.

- J'avais compris. Oui.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Qu'il aimerait te comprendre pour pouvoir t'atteindre. Qu'il avait l'impression que vous vous trouviez chacun d'un côté d'une vitre et qu'il avait beau s'acharné dessus, taper de toutes ses forces tu ne l'entendais pas et ne le voyais pas. Pas comme il le souhaitait.

- Je ne lui ai jamais caché que je tenais à lui...

- La seule impression que tu as jamais donné c'est celle de le désirer. Et tu le sais très bien car c'est ce que tu voulais. C'est même ce que tu m'as dis, tu te souviens ?

- Mais on est ami...

- Désir ? Amitié ? Tu es idiot ou tu le fais exprès. Ce qu'il voulait c'était de l'amour. Mais tu ne voulais pas admettre que tu puisses avoir besoin de quelqu'un !

- Ne parles pas de lui au passé ! Siffla Heero avec acrimonie.

Quatre s'assura que Trowa dormait toujours puis fit signe au Japonais de le suivre dans la cuisine.

- On ne peut pas le laisser comme ça Heero, c'est inhumain une telle souffrance ! Ce serait de l'égoïsme de notre part.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- "Il a essayé mais il n'a pas réussit. C'est ce que nous sommes et c'est ainsi."(1)

Pour la première fois de sa vie Heero se mit à trembler de la tête aux pieds. Seuls trois personnes prononçaient cette phrase, Duo, Quatre et Treize. Elle signifiait qu'il était temps d'euthanasier le métamorphe parce que la transformation était un échec.

- Je vais appeler Treize. Nous lui dirons que Duo est rentrer se reposer, mais je doute qu'il pose la question. Toute son attention se portera sur Trowa.

- Non... Murmura Heero avec une souffrance si évidente dans la voix qu'elle transperça Quatre de part en part comme une flèche.

- Laisses lui encore un peu de temps, je sais qu'il peut y arriver.

Quatre secoua la tête, désespéré pour ses deux amis. Jamais son rôle ne lui avait semblé si cruel qu'en ce jour. Accompagner des personnes vers la mort était une épreuve difficile à chaque fois, mais un ami c'était atroce. Des larmes quittèrent le lac clair de ses yeux et il ne fit rien pour les retenir ou les dissimuler. C'était une décision si douloureuse...

- Je t'en prie ne me rends pas les choses plus difficile... Supplia t-il. Que crois-tu que j'éprouve en ce moment ? Il est comme un frère pour moi... Il dort parce que Duo lui a donné une dose a endormir trois éléphants...

Il désigna du doigt un mot que le jeune homme avait pris soin de laisser pour Quatre.

- ... Mais lorsqu'il se réveillera plus rien de ce que nous ferons ne le soulagera, même un peu. C'est la fin Heero.

- NON. Laisses moi... Laisses moi rien qu'une heure après son réveil. Après tu demanderas à Treize de venir.

- Une heure pour faire quoi ?

- Une heure c'est tout ce que je te demande.

- C'est une éternité pour lui...

- Je t'en prie...

- Je ne sais pas si j'ai raison de faire cela , ou si je cherche seulement une échappatoire, mais c'est d'accord. Une heure pas plus.

- Merci. Je voudrais aussi que tu nous laisses seuls.

- Mon rôle...

- Tu as dit toi-même que tu ne pouvais plus rien faire.

- Ok. Je resterais sous la véranda avec un walkman et un casque sur les oreilles. Ça te va comme ça ?

- C'est parfait. Et... Quoi qu'il se passe, tu as pris la bonne décision, n'en doute jamais.

- Si tu le dis...

A suivre.

(1) Tiré de la série.

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