Auteur : Liam63
E-mail : liam63@tiscali.fr
Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.
ENNEMI INTIME
Chapitre V
Lorsqu'Amaya descendit dans la cuisine le lendemain matin, elle trouva un Duo littéralement échoué sur la table du petit déjeuner. A son entrée il releva la tête avec courage pour lui sourire mais le coeur n'y était pas.
- Il y a du café si tu veux et j'ai acheté des croissants.
Il poussa l'assiette dans sa direction.
- Tu sais je crois qu'il vaut mieux que tu ailles à l'hôpital seule aujourd'hui...
- Tu crois qu'éviter ton ami est la solution ?
- He bien... Oui. Si tu connaissais Wu comme je le connais tu saurais qu'il est préférable de lui laisser un certain laps de temps pour se calmer.
- Il m'a semblé très calme et raisonnable.
- Ça c'est le vernis, à mon avis si tu gratte un peu... Je ne pense pas qu'un individu puisse changer à ce point et crois moi sur parole Fei était très coléreux.
- S'il est honnête avec lui même il admettra qu'il faut être deux pour... Enfin pour faire ce que vous étiez en train de faire...
- Oui mais tu n'as peut-être pas tous les éléments... Je t'assure il est préférable que je me tienne à l'écart un jour ou deux.
- D'accord. Que comptes tu faire de ta journée ?
- Me terrer dans le canapé et déprimer tout en déplorant ma stupidité.
Vers dix heures trente, Duo et Amaya décidèrent tout de même d'aller faire des courses afin de remplir des placards qui faisaient pitié. Ils en profitèrent pour déjeuner dans un bistrot, puis tandis que la jeune fille partait rendre visite à son frère, Duo retourna chez lui avec les sacs. Essoufflé, il s'effondra dans le canapé sans même prendre le temps de ranger. C'était dans des moments comme celui-ci qu'il prenait conscience que sa vie était devenue un peu trop sédentaire. S'il ne se reprenait pas en mains, à trente ans, il était bon pour les poignets d'amour. Pris d'un doute affreux, bien qu'il n'ait pas encore atteint cet âge canonique, il se précipita dans sa chambre, au premier, pour se mirer dans une immense psyché. Il souleva sa chemise noire, tourna sur lui même, profile droit, profile gauche... Ça allait encore, de toute évidence le sport en chambre avait suffit à l'entretien de son capital beauté ! Sans fausse modestie il était toujours aussi sexy. S'il s'y mettait vraiment Wufei était cuit, enfin lorsqu'il serait un peu calmé. Sa prestation d'hier avait révélé une brèche énorme chez son adversaire, et il se souvenait avec une nostalgie certaine qu'il n'y avait pas que la brèche qui était énorme, Wufei était complètement frustré. A son arrivé sur Terre le jeune homme n'avait encore aucune mauvaise intention quant au couple Chang, mais depuis qu'il avait revu le chinois, en accord avec lui même, c'est à dire Shinigami, il avait décidé de se battre pour le reprendre. Il ne repartirait pas sur L2 sans avoir essayé. Ses deux personnalités étaient en parfaite harmonie cette fois. Enfin sur le but parce que sur les moyens... Duo s'en voulait beaucoup pour le fiasco du dîner de la veille. Shinigami lui continuait de trouver la situation hilarante. L'ennui c'était que si Shinigami était constamment au courant de tout ce que faisait Duo l'inverse n'était pas toujours vrai. Néanmoins pour hier l'américain n'avait même pas cette excuse. Shinigami n'y était pour rien, seul Duo Maxwell était responsable de la fureur probable et justifiée de Wufei, le dieu de la mort avait peut-être un peu poussé à la roue mais pas plus. Mais qu'est-ce qui lui avait pris ? C'était tellement idiot ! Pour se remonter le moral le jeune homme se répétait en boucle que si le chinois était un sanguin particulièrement vindicatif, il n'était guère rancunier. En général il suffisait d'attendre que l'orage passe. Bon dans le cas présent c'était certainement plus un cyclone qu'un orage mais il n'allait pas se laisser décourager par ce détail. Duo se laissa tomber sur le lit avec un soupir à fendre l'âme... Si. Il était découragé, car il fallait compter avec un élément essentiel : Shaozu. Ceci dit les courses attendaient toujours dans le salon qu'il veuille bien les ranger. C'est donc avec détermination qu'il redescendit. Il était préférable qu'il s'occupe pour s'empêcher de ruminer. Il brancha la radio histoire de mettre un peu d'ambiance et de booster son morale qui voisinait avec le zéro absolu. Les ondes portaient à ses oreilles une très ancienne chanson qui lui allait comme un gant. C'est donc en chantonnant qu'il gagna la cuisine.
- "Je suis un provocateur, un agitateur...."
Il avait à peine mit la dernière conserve dans le buffet qu'une suite de coup indiqua la présence d'un visiteur derrière la porte.
- J'arrive !
Il alla ouvrir d'un pas vif prêt à remettre l'importun à la rue.
- Wufei ?
D'un rapide coup d'oeil le jeune homme s'assura que l'ex pilote 05 ne possédait aucune arme tranchante.
- Tu compte me recevoir sur le palier ?
- Heu... Non. Entre je t'en prie. Assis toi.
- Non. Merci
- Tu veux boire quelque chose ?
- Non. Merci.
- Tu veux me tuer ?
- Ce n'est pas encore à l'ordre du jour.
- Pourquoi tu es là exactement ?
Wufei retira tranquillement son pull vert.
- Pour te baiser.
- Je ne suis pas une pute ! Tu crois que tu peux débarquer chez moi et...
Le reste de la phrase se perdit dans la bouche du chinois. Duo se retrouva à moitié allongé sur la table de la salle à manger avec ses jambes autour de la taille de son partenaire qui s'empressait de le dévêtir. La dernière pensée cohérente de l'américain fut qu'il n'avait aucune fierté et que Wufei était un butor... mais Dieu ce qu'il aimait ça !
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Pendant ce temps à l'hôpital Sainte Adèle.
Amaya s'approcha du bureau de la secrétaire médicale afin de signaler sa présence. Cette dernière releva la tête pour l'accueillir.
- Bonjour. Je peux vous aider ?
- Je suis Amaya Ortega, je souhaiterais voir mon frère. Luis Ortega.
- Le docteur est avec un patient pour l'instant mais il n'en a plus pour longtemps si vous voulez bien patienter...
D'un geste de la main elle lui indiqua des chaises où un infirmier, un manga à la main, attendait aussi. Cela ne faisait pas une minute qu'elle était assise que Wufei ouvrait la porte et faisait signe à l'infirmier de ramener le malade dans sa chambre.
- Mlle Ortega. Veuillez entrer je vous prie. Je souhaiterais vous parler.
La jeune fille réalisa qu'il était très dur de regarder dans les yeux un homme que l'on imaginait en train de se faire faire une fellation. L'image de ces deux hommes plutôt bien fait et à moitié nu était assez difficile à occulter.
- Vous êtes venue seule ?
- Oui. Duo s'est dit que... Il s'est heu...
- Débiné ?
- On peut dire ça comme ça.
- Étant un ami de Luis et le votre, j'aurais préféré qu'il soit là car je n'ai pas de bonnes nouvelles. Tôt ce matin nous avons du faire transférer votre frère à l'hôpital, suite à une grave attaque.
- Madré de Dios ! Comment va-t-il ?
- Il ont pu le sauver mais il est dans le coma. Ils ont refait des examens et d'autres plus approfondis qui ont révélaient un vieillissement prématuré de certains organes dont le coeur. Actuellement je n'en sais pas d'avantage, je pense que son médecin traitant sera plus à même de vous expliquer ce qui se passe.
- Je vais m'y rendre immédiatement, à quel hôpital est-il ?
- La Salpêtrière. Je vais demander à Claire de vous appeler un taxi.
- Merci.
Wufei raccompagna Amaya jusqu'à la salle d'attente.
- Claire s'il vous plaît appelez un taxi pour mademoiselle. Et faites ce numéro, vous me le passerez dès qu'il sera en ligne.
- Tout de suite docteur.
- Essayez de ne pas trop vous inquiéter, votre frère est entre de bonnes mains. Dubois est un excellent médecin.
- La voiture sera là dans quelques instants mais Mr Maxwell ne répond pas. Dois-je laisser un message ?
- Non je finis dans une heure je passerais chez lui.
Wufei serra la main de la jeune femme pour la saluer.
- Je passerais voir Luis en fin d'après midi. Si vous avez le moindre soucis n'hésitez pas à m'en parler.
- Je vous remercie.
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Contrarié, Wufei abattis une fois de plus son poing contre la porte. Il était certain que Duo était là puisqu'il entendait le son de la stéréo. L'envie qu'il ressentait depuis la veille de mettre à Duo une bonne paire de gifles ne fit que s'accentuer. A bout de patience il décida d'entrer sans y être invité, après tout, ce qu'il avait à dire au jeune homme était important, aussi bien concernant son ami que sa conduite de la veille. La première chose qui frappa le chinois fut le désordre. Une corbeille de fruits renversée, une chaise au sol, des vêtements éparpillés, des chaussures qui avaient valsé à l'autre bout de la pièce... Il sentit son visage se crisper et ses yeux se réduirent à deux fentes. Il fit un effort énorme pour se reprendre et ne pas hurler de rage. Il hésitait entre partir pour aller expulser sa haine au dojo ou monter au premier pour dire sa façon de penser à cet enfoiré d'américain. Comment osait-il ? Il foutait son ménage en l'air et ensuite allait se faire mettre par le premier venu comme une traînée ! Au bout de trois longues secondes de réflexion il monta les escaliers quatre à quatre prêt à commettre un meurtre. Après la colère, la jalousie était sans doute le plus gros défaut de Wufei. Ce qui était le plus douloureux c'était de réaliser qu'il ne se serait pas senti si blessé en trouvant sa femme dans la même situation. Là, il se sentait tout à fait dans la peau du mari cocu qu'il n'était pas. Quoique... Sait-on jamais mais ce n'était pas le sujet. Pour l'instant il allait s'occuper des adorables petites fesses de cet ignoble traître. Il ouvrit la porte avec tant de violence qu'elle heurta le mur. Les eaux sombres de son regard contaient à elles seules toute la furie du chinois. Les deux amants sursautèrent à cette intrusion. Duo les yeux embrumés par le plaisir le dévisagea sans comprendre puis l'horreur s'imprima sur tout les traits de son doux visage. Il repoussa avec force son partenaire. Les insultes que Wufei se préparait à lui jeter au visage moururent dans sa gorge. Il se retrouvait face à lui même. Pour la première fois de sa vie il restait cloué sur place alors que Duo, tétanisé, se recroquevillait près de la tête du lit, en fait il s'y appuyait avec tant de force qu'il aurait pu s'incruster dans le bois. L'autre Wufei, nu comme un vers, poussa un hurlement de colère assez peu humain. Ses yeux rouges brillaient d'une ire (1) au moins égale à celle que Wufei avait éprouvé. Ils promettaient une vengeance cruelle. Sous le regard épouvanté des deux hommes la créature modifia son apparence en quelque chose d'impossible à identifier mais de parfaitement immonde et malodorant puis sembla se désintégrer en minuscules particules vertes. Elles tourbillonnèrent un moment sur elles même pour finalement disparaître. Duo poussa un vague gémissement, porta une main à sa bouche puis passa devant Wufei à toute allure. Le chinois pas encore remis de cette vision cauchemardesque bien qu'éphémère restait là, les bras ballants, la bouche entrouverte, le regard glauque. L'américain accroché à la cuvette des WC rendait tout ce que son estomac contenait. Il sentait de violents frissons glacés lui parcourir le corps. Les spasmes au niveau de son ventre semblaient ne pas connaître de fin. Wufei enfin conscient de la détresse de son ami se précipita dans la salle de bain pour l'aider. Il releva ses longs cheveux et essaya de le soutenir. Duo mortifié tentait de le repousser à l'aveuglette. Il n'admettait pas que le chinois puisse l'assister dans une situation qu'il jugeait fort dégradante. Vomir dans la cuvette des toilettes ne faisait pas parti de son plan séduction.
- Laisse moi...
Il aurait voulu que sa voix soit plus assurée mais ce n'était qu'un couinement plaintif qui ne faisait qu'ajouter à son humiliation.
- Chute... Là... Calme toi...
Il fit disparaître les restes du repas dans les profondeurs de la canalisation puis aida Duo à se relever et à s'asseoir sur le bord de la baignoire. Il mouilla un gant qu'il passa sur le visage blafard de son ami. Duo insista pour se doucher et Wufei ne pu que comprendre cette nécéssité. Il resta là pour surveiller que l'américain n'ait pas d'autre malaise puis, avec des geste doux, il lui passa un kimono en soie noire suspendu derrière la porte. Duo faisait des efforts énormes pour ne pas fondre en larmes. Il se sentait sale et stupide.
- Viens. Allons dans le salon.
Duo tituba un instant mais refusa la main secourable que lui tendait Wufei. Il descendit les escaliers avec prudence puis s'installa dans le canapé. Il attrapa le plaid et s'enroula dedans. Wufei commença à ranger la maison. Il pensait qu'il valait mieux faire disparaitre les traces du passage de la créature qui avait abusé de Duo. Il n'y avait pas eu de violences certes, mais le viol demeurait. Elle l'avait dupé pour l'inciter à avoir des relations sexuelles. Il ne savait pas encore quand ni comment, mais il lui ferait regretter d'avoir fait du mal à Duo. Surtout en utilisant son apparence. La colère qu'il ressentait était différente de celle qu'il avait éprouvé auparavant. C'était une haine froide qui lui inspirait une vengeance encore plus froide. Bien que cela soit étrange il se sentait calme, c'était l'assurance qui caractérisait Heero et Trowa avant les missions difficiles. Une hostilité impassible voilà ce qu'il éprouvait. Pour l'instant il fallait s'occuper de Duo mais l'autre ne perdait rien pour attendre. Vers dix huit heures le chinois alluma une belle flambée dans l'ancienne cheminée avec le bois qu'il avait trouvé dans un petit local prés du réfrigérateur. Il n' y avait pas beaucoup de bûche et le feu ne tiendrait pas longtemps mais suffisamment pour réchauffer la pièce. Ensuite il fit du thé à la menthe qu'il sucra généreusement et le porta à Duo avec un Lexomil qu'il avait déniché dans l'armoire de toilette.
- Duo... Tiens ça te fera du bien.
Docile l'américain s'exécuta puis se blotti à nouveau dans ses couvertures, les mains près de son visage presque comme un enfant. Quelque chose intriguait Wufei mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Il prit la tasse pour la rapporter à la cuisine mais il fut entravé par un poing qui s'était refermé sur son pantalon.
- Dis tu reste avec moi, il va bientôt faire noir et j'ai peur quand il fait noir...
Sous la surprise il faillit lâcher la tasse. Il savait que Duo souffrait d'un dédoublement de personnalité mais il ne connaissait que Shinigami. Jamais il n'avait eu affaire à l'enfant, il n'avait même jamais soupçonné son existence. Dans l'entrée il entendit Amaya se débarrasser de sa veste et de son sac.
- Docteur Chang ?
- Je crois que vous pouvez m'appelez Wufei. Désolé de ne pas être venu mais nous avons eu un... Empêchement. Comment va votre frère.
- Son état s'est stabilisé. Qu'est-ce qui se passe ici ?
Wufei pesa le pour et le contre puis décida de dire la vérité, pour être franc il en avait besoin. Il fallait que ça sorte. Il entraîna la jeune femme un peu à l'écart pour que Duo ne puisse pas entendre mais pas trop loin pour qu'il puisse les voir. A la fin de son histoire il s'attendait à un énorme éclat de rire mais rien ne vint.
(1)colère