Auteur : Liam63

E-mail : liam63@tiscali.fr

Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.

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ENNEMI INTIME

Chapitre VIII

 

 

Wufei se réveilla tout à coup et se redressa brusquement. Il faisait bien trop claire dans la pièce pour qu'il ne soit pas six heures passées. Il jeta un oeil sur son réveille de voyage et sursauta : Sept heures trente ! Pourquoi n'avait-il pas sonné ? Il se rappelait très bien avoir enclenché la sonnerie ! Et Surtout pourquoi les cris de Shaozu n'ameutaient pas tout le quartier alors qu'il prenait son premier biberon à six heures trente tapante. Son fils était très pointilleux sur l'horaire des repas. Il avait une horloge au niveau de l'estomac ! Le chinois se leva en vitesse et descendit quatre à quatre les escaliers. Dans le salon, le canapé lit avait été replié et Trowa assis dessus lisait l'un des ouvrages que Wufei avait rapporté la veille, Démonologie, dans la plus parfaite quiétude. Heero de son côté jouait paisiblement avec un bébé apparemment bien nourrit auquel il avait fabriqué une petite poupée de chiffon avec l'un de ses tee-shirt. Bref en ce dimanche matin tout ce petit monde semblait serein . Hormis Wufei. Affolé, les cheveux en pagaille et la marque de l'oreiller sur le visage il les regardait à travers les brumes d'un sommeil pas encore tout à fait dissipé.
- Heu... Bonjour. Je suis désolé s'il vous a réveillé, ça n'a pas sonné...
Heero l'observa un peu moqueur.
- Tu sais que tu n'es vraiment pas à ton avantage au saut du lit ! Ne t'inquiète pas. C'est moi qui ai coupé la sonnerie. Avec Trowa nous avons pensé que tu avais besoin de dormir. D'ailleurs tu peux retourner te coucher, nous avons la situation bien en main.
Wufei hésita un peu, son honneur lui interdisait de se décharger de son devoir de père sur ses amis mais d'un autre côté sa dernière grâce matinée remontait à... Ben en fait il ne se rappelait pas en avoir eu une. Il avait l'impression de rogner sur son sommeil depuis des années. D'abord en tant que soldat, ensuite pour ses études puis pour son boulot et enfin pour son fils. Après analyse il considéra que négliger une telle occasion serait stupide. Il tourna donc les talons pour retourner enlacer son oreiller. Il se coucha, se tourna sur son côté gauche, celui qu'il préférait... Et se heurta à l'améthyste de tous ses songes.
- Il est tôt Lucas rendors toi.
Et le chinois donna l'exemple avec plaisir . Mais Duo lui n'avait plus du tout sommeil. Il était tétanisé. Les voix au rez-de-chaussée lui avaient indiqué la présence de Heero, et même de Trowa qui à l'heure actuelle aurait du se trouver en Afrique. Il n'avait pas compris pourquoi ils étaient là alors qu'il ne gardait aucun souvenir de leur présence, pourquoi Wufei revenait se coucher dans son lit comme si ce n'était pas exceptionnel et pourquoi il se sentait si perdu. Malheureusement il venait de saisir à l'instant même la raison de tout cela. Lucas. Dédoublement de personnalité. Absence. Il croulait sous la honte. Comme si faire l'amour, enfin faire l'amour n'était peut-être pas le terme, forniquer était plus approprié, donc comme si partager les joies du sexe avec un démon n'était pas suffisamment humiliant et écoeurant il devrait aussi assumer le fait d'avoir était Lucas. Ses amis connaissaient ses problèmes et ils l'avaient toujours accepté ainsi mais ils ne connaissaient que Shinigami. Et il fallait bien admettre que ce dernier avait de la prestance, il en imposait, alors que Lucas... L'idée qu'il ait pu se conduire devant les g.boys comme un enfant de six ans le rendait malade. Mais ça c'était quelques secondes avant qu'il ne se souvienne du démon avec précision et là il su exactement ce que se sentir mal voulait dire, au propre comme au figuré. En une seule journée il avait annihilé le peu de respect que Wufei avait peut-être eut pour lui. Un dingo qui s'envoi un démon... Pas très accrocheur comme présentation. De toute manière ce n'était plus si grave car la seule idée d'avoir encore une relation sexuelle un jour lui soulevait le coeur et Wufei n'était pas le genre amour platonique mais alors pas du tout. Néanmoins il continuait à avoir besoin de lui à ses côtés... L'avenir ne s'annonçait pas rose. Malgré les années il n'avait jamais véritablement renoncé au chinois, il avait essayé bien sûr mais rien à faire. Une part de lui avait continué à espérer avec obstination. La séparation, la distance, la froideur de Wufei, Liu, Shaozu rien n'avait pu tuer en lui cette espoir chimérique de le voir un jour reconnaître son erreur et l'amour qu'il lui portait. Combien de fois n'avait-il pas imaginé une scène empli d'émotions et de sensualité dans laquelle le chinois lui promettait un amour éternel. Naturellement il aurait préféré s'arracher la langue plutôt que d'admettre qu'il faisait des rêves de midinette. Enfin... ce n'est pas comme si sa vie avait toujours était facile, loin de là, il était habitué et il avait toujours surmonté les difficultés mais il n'avait jamais du renoncer à un rêve. Jamais. Il s'était battus de toute ses forces pour faire du morceau de charbon qu'était sa vie un diamant. Mais voilà, aujourd'hui c'était comme si quelqu'un venait lui dire que sa pierre précieuse n'était qu'un vulgaire strass. Il se sentait triste et vide. Il sentait un poids énorme sur son coeur et une douleur diffuse au niveau de sa gorge. En fait il avait tout simplement envie de pleurer mais aucune larme ne jaillissait. Il s'interdisait ce genre de faiblesse depuis si longtemps qu'il était à présent incapable de soulager sa douleur et son mal-être par des larmes libératrices. Il se rapprocha un peu de Wufei, avec délicatesse pour ne pas le déranger, et resta là, sans bouger, son visage à quelques centimètres du sien. Cela pouvait paraître étrange mais l'une des choses qui lui avait toujours plu chez le chinois c'était son odeur. Et c'était ce petit détail qui avait cloché avec la créature, elle pouvait dissimuler sa véritable odeur mais pas imiter avec exactitude celle des autres. Oui c'était cela que Shinigami avait essayé de lui dire mais que Duo avait refusé d'écouter, il l'avait rejeté de toutes ses forces. Il avait tellement voulu y croire, croire en ses mots trompeurs et ses promesses utopiques. Parce que c'était cela qui avait perdu Duo, pas sa libido, non, juste des mots d'amour. Des mots qui n'existaient que dans son coeur mais que le démon avait su utiliser. Lire le coeur des hommes et en extraire les faiblesses était son arme véritable. Pourquoi lui et comment ? Duo ne se posait même pas la question. La réponse l'effrayait bien trop pour le moment. Parce qu'il n'en doutait pas, d'une façon ou d'une autre c'était sa faute. Il avait été faible. Et s'il y avait une chose que ses amis et surtout Wufei détestaient c'était bien la faiblesse.

 

Lorsque le chinois fit sa seconde apparition il était près de onze heures trente. Amaya était parti voir le docteur Dubois pour s'occuper du transfert de son frère sur L2, Trowa lisait toujours, Duo jouait avec Shaozu et Heero préparait le déjeuner. Il eu pendant un bref instant le sentiment de se sentir en famille, ce qu'il n'éprouvait jamais avec les proches de son épouse. C'était une impression étrange mais très révélatrice de ses véritables besoins. Wufei s'accroupie auprès de son fils pour le prendre dans ses bras et le surélever, ce qui le faisait toujours éclater de rire.
- Papa a dormi comme un loir. C'est sympa de vous en être occupé. Ça va Duo ?
Cette fois il s'était bien rendu compte que le regard du jeune homme n'était pas celui de Lucas. Enfin le peu qu'il pu en voir car il semblait évident que l'américain évitait de le regarder en face, ses yeux était fuyants et se posaient sur toute chose hormis ses amis. Wufei reposa son fils sur une couverture que le japonais avait installé sur le sol un peu plus tôt dans la matinée, et se tourna vers Duo toujours assis par terre. Il caressa sa natte sur toute sa longueur, seul geste un tant soit peu affectueux qu'il se permettait lors de leur relation.
- Tu n'es pas responsable Duo.
L'américain le fixa avec un mélange de colère et de désespoir mais le visage de Wufei restait serein et affectueux.
- Je n'ai jamais dit que je l'étais.
- Non mais je sais que tu le penses.
- C'est ta boule de cristal qui te l'a dit ?
- C'est ce que pense toutes les victimes et elles ont tords.
Duo se releva brusquement.
- Je ne suis pas une victime et je n'ai pas besoin de ta pitié !
L'éclat de voix surprit Shaozu qui se mit à pleurer. Trowa posa son livre et vint s'en occuper pour que Wufei puisse se consacrer à Duo. A dire vrai le français et le japonais avaient attendu avec impatience son réveille depuis que l'américain les avait rejoint. Ils avaient bien noté son comportement étrange mais n'avaient pas su l'aborder, ils ne savaient pas comment l'aider et craignaient de faire une erreur. Il y avait une sorte de mur autour de lui qui interdisait à quiconque de l'approcher. Et puis après tout Wufei avait l'habitude de ce genre de situation critique, c'était son boulot et malgré les commentaires moqueurs que se permettaient de temps à autre ses amis ils savaient que celui-ci était très compétent dans son domaine, et ce pour une bonne raison, Wufei ne supportait pas la médiocrité dans ce qu'il entreprenait.
- Tu me connais suffisamment pour savoir que le mot pitié ne fait pas partie de mon vocabulaire. Mais être une victime n'est en aucun cas un déshonneur.
- Ce n'est pas ce que tu disais...
- J'ai dis et pensé tout un tas de choses stupides par le passé mais heureusement pour moi l'homme est ainsi fait qu'il évolue et apprend. Je ne suis plus l'adolescent que tu as connu pas plus que Quatre, Trowa, Heero et même toi. Nous sommes différents parce que c'est ce que veut la vie. C'est dans l'ordre des choses. Je pense toujours que l'honneur, la justice et le respect sont des valeurs primordiales comme on me l'a enseigné mais aujourd'hui je sais que je n'appliquais pas ces vertus comme il le fallait. J'était trop impulsif et trop entier, je refusais les demi-mesures, mais la vie est tout en nuances, il n'y a pas de noir ou de blanc seulement une vaste palette de gris. Il y avait trop de colère et de haine en moi pour que je puisse accepter cette réalité. J'ai fais de nombreuses erreurs... N'en fait pas une en refusant notre aide. Aucun de nous ne te juge et d'ailleurs nous n'en n'aurions nullement le droit. Nous avons tous des faiblesses et ce démon a profiter de la tienne. Et si quelqu'un ici doit se sentir coupable de quelque chose c'est moi.
- Toi ? Et pourquoi ça ?
- Parce que j'ai été un con, un tel taux de connerie devrait même être taxé ! En refusant mon homosexualité j'ai fait du mal à tout le monde. A moi pour commencer, à toi, à Liu et peut-être à mon fils d'une certaine manière. Tu avais raison lorsque tu disais que mon mariage ne tiendrait pas, que je ne pourrais pas lutter contre ma nature...
- Ta femme t'as foutu dehors c'est ça ?
- Disons que nous avons décider d'un commun accord... Ouai bon tu as raison elle m'a prié de bien vouloir dégager le plancher. Il faut dire qu'elle a surpris son mari en train de se faire faire une fellation par un homme dans sa salle de bain... Du coup elle a compris pourquoi j'étais aussi migraineux surtout avant le devoir conjugal !
- Je suis désolé c'est de ma faute.
- Ce que tu peux raconter comme idioties ! Je ne me rappelle pas avoir défendu ma vertu avec vigueur... et ce n'est pas exactement comme si j'étais une petite chose incapable de se défendre... Même contre toi. Si j'avais été franc avec moi même et avec les autres dès le départ...
Wufei ne savait plus très bien dans quelle direction orienter la discussion. Avec Duo, son expérience professionnel ne l'aidait pas beaucoup, c'était bien trop personnel pour qu'il puisse penser avec calme. La seule chose qu'il désirait c'était l'empêcher de partir demain comme prévu. Peut-être que pour une fois la sincérité était la meilleurs solution. Il pris le visage de Duo entre ses mains avec tendresse.
- Ne retourne pas sur L2 avec Amaya... Reste... S'il te plaît.
- Si le démon revient cette fois je saurais me défendre.
- Je n'en doute pas... Mais...
- De toute manière il y a assez peu de chance pour qu'il revienne intervint Trowa.
Wufei lui jeta un regard noir pour lui faire comprendre que son intervention était assez mal venu. Et Trowa le lui retourna pour lui signifier que ce n'était peut-être pas le moment idéal pour une déclaration d'amour. Wufei capitula et désigna les livres d'un signe de la tête.
- Tu as trouvé quelque chose.
- Je crois oui, dans celui-ci.
Il montra un ouvrage aux tons bleus, sans prétention.
- Avec le nom de l'auteur je pensais que ce serait un navet mais non.
Le chinois étudia l'ouvrage avec attention.
- Je n'ai jamais ramené ce livre. C'est peut-être Heero ou Amaya.
- C'est un certain Lambda qui l'a écrit, de toute évidence il souhaitait rester anonyme.
Duo regarda à son tour le livre.
- Roger m'a parlé d'un Lambda. Il raconte quoi ton bouquin ?
- Hé bien le démon que tu as... rencontré... est un incube.
Wufei secoua la tête.
- Je croyais que les incubes s'attaquaient aux femmes vertueuses...
- Oui, dans le folklore médiéval européen, c'est un démon mâle qui prend forme humaine afin d'abuser d'une femme pendant son sommeil. Selon la légende, les incubes sont des anges déchus. L'union avec un incube devait donner naissance à des démons, des sorcières et des enfants difformes. Mais ici l'auteur explique que la caste des incubes est bien plus vaste et certains d'entre eux se nourrissent d'énergie sexuelle, un peu comme les vampires. Ils s'adaptent donc à la sexualité de l'individu convoité. Quoiqu'il en soit ils n'utilisent jamais la violence, elle ne leur servirait à rien puisque la victime ne ressentirait pas de plaisir et donc ne pourrait pas les nourrir. Ils utilisent la ruse. Mais maintenant qu'il a été démasqué... c'est plus difficile et puis... Duo... Enfin ce que je veux dire c'est que Duo n'aura... Heu à mon avis...
- Tu peux le dire Trowa. Les parties de jambes en l'air ne me tentent plus vraiment il n'y a donc aucune chance pour qu'il arrive à ses fins...
- Qu'est-ce qu'il se passe lorsqu'il absorbe l'énergie de la victime ?
Trowa hésita un peu à répondre à la question de Wufei.
- La personne fait une attaque le plus souvent.
Le chinois devint pâle et chancela à l'idée qu'il avait faillit perdre Duo. Il avait déjà éprouvé cela pendant la guerre mais pas de cette manière, à l'époque ils étaient "préparés" à la possibilité de perdre l'un des leur mais aujourd'hui... Duo lui, baissa les yeux et murmura avec tristesse.
- C'est ce qui est arrivé à Luis ?
- Pas exactement.

A suivre...

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