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Mea culpa

 

Chapitre 3

Lorsque Wufei pénétra dans la cuisine avec Trowa, bien après le levé du soleil, les autres étaient déjà en train de prendre leur petit déjeuner. Dire qu'ils furent surpris de sa présence serait un euphémisme, ils étaient estomaqués, ils ne s'attendaient pas à un changement aussi radical du jour au lendemain. Le Chinois, habillé de jeans et d'un pull irlandais blanc, fit rouler son fauteuil jusqu'à la table, en essayant de ne pas heurter trop de meubles. En dépit de son handicape, il avait une prestance que beaucoup aurait pu lui envier. Il avait retrouvé sa grâce naturelle et son air de prince en exil. Le français retira l'une des chaises pour qu'il puisse s'installer puis s'assis à son tour. Quatre, incertain, se demanda si malgré le calme apparent de l'Asiatique, il ne serait pas sage de sortir de son champ de vision. Il ne souhaitait pas avoir à subir encore une fois ses reproches, il était déjà bien assez conscient de son erreur. De plus ce n'était probablement pas très bon pour la santé de Wufei d'être constamment sur les nerfs. Heero se leva puis revint avec une tasse pour son ami.
- Winner. Interpella Wufei.
- Oui ?
- Tu ne voudrais pas me passer la théière s'il te plaît ?
- Quoi ?
Quatre était habituellement un garçon très intelligent mais là il faut bien avouer qu'il affichait un air un peu abruti qui ne l'avantageait guère. Il ne comprenait pas où était l'insulte. Se pouvait-il que wufei lui adresse la parole pour lui dire autre chose que des méchancetés ? Peut-être qu'il comptait l'ébouillanter avec la tasse...
- Oui... Tu sais, le truc dans lequel on met de l'eau très chaude, avec un petit sachet qui trempe dedans et qui donne à l'eau une agréable couleur dorée... Précisa Wufei moqueur.
Duo qui était en réalité le plus proche de l'objet en question le poussa doucement vers Quatre. Celui-ci le saisit et remplit délicatement la tasse en grès que l'Asiatique lui tendait.
- Je... Quatre toussota. J'ai fait un cake hier... Si tu en veux... Je crois que tu aimes ça...
En fait Wufei adorait le cake, et personne dans cette maison ne l'ignorait, surtout pas Quatre. Il l'aimait tout particulièrement aromatisé avec une pointe de kirsch et truffé de cerises confites. Comme par hasard c'était celui qu'avait fait l'arabe. Le jeune homme s'attendait à une une remarque du style "Tu sais où tu peux te le mettre ton cake !" mais rien ne vint. Wufei hocha simplement la tête pour acquiescer, et lui sourit en saisissant le morceau de gâteau. L'Arabe faillit en tomber de sa chaise. Allah qu'il était beau ! Ce sourire là, il était bien certain de ne l'avoir jamais vu auparavant. Wufei, conscient de son charisme, repoussa en arrière ses cheveux détachés, mais ceux-ci, rebelles comme leur propriétaire, revinrent à la même place. Évidemment, tout le monde se demandait où était le piège. Par certains regards Wufei semblait draguer Quatre. Duo suspectait le Chinois de vouloir séduire son ami pour jouer au chat et à la souris jusqu'à ce que celui-ci devienne fou de douleur. Trowa, de son côté, pensait qu'il le mettait en confiance, afin de lui asséner au moment il ne s'y attendrait pas, le coup de grâce. C'était comme appâter un animal sauvage, et l'abattre alors que la bête était toute proche et qu'elle ne se méfiait plus. Heero, plus terre à terre, songeait à un piège à moustiques électrique. L'insecte vole gaiement vers la lumière mauve attrayante, et là, en un millième de seconde, il est totalement grillé. La chaise électrique du moustique ! Pendant que toutes ces pensées joyeuses occupaient nos amis, Wufei buvait tranquillement son thé, et dégustait sa part de gâteau comme si rien d'anormal se passait. Quatre, lui, se débattait entre la méfiance et l'espoir. En fin stratège il savait que le pilote 05 jouait peut-être la comédie, mais son coeur ne voulait rien entendre, rien d'autre que la voix charmeuse et un peu rauque du Chinois.
- Tu m'écoutes Winner ?
- Naturellement. Tu parlais de... Excuse moi, en fait j'avais l'esprit ailleurs.
Wufei s'abstint de tout commentaire désagréable et réitéra sa requête.
- Je te demandais si tu serais tenté par une partie d'échec.
- Bien sûr. Avec plaisir.

Au fil des jours, Wufei remarqua qu'il était sous constante surveillance, il n'était jamais seul avec Quatre. Ses gestes, ses paroles étaient épiés et analysés. Tout bien réfléchit, qu'il ait à nouveau l'envie de s'en sortir n'étonnait pas ses coéquipiers, même si le changement s'était effectué de manière un peu rapide ; C'était un battant après tout, un pilote de Gundam. Mais qu'il soit subitement si gentil avec Quatre alors qu'il avait été si odieux ces derniers temps, là c'était suspect. En réalité le simple fait que Wufei soit doux avec quelqu'un était louche, et qu'il ait l'air si serein dans son état, lui qui était une vraie boule de nerfs, leur semblait carrément surnaturel. Mais contre toute attente le comportement du Chinois perdura. Il semblait encore instable par moment, mais sa mauvaise humeur ne durait jamais et ne se manifestait plus de la même façon.
Il passait beaucoup de temps avec Quatre. Ils discutaient, jouaient à différents jeux de sociétés, écoutaient de la musique, et se promenaient aux alentours, là où le terrain n'était pas impraticable pour le fauteuil de Wufei. Ils apprenaient à vraiment se connaître et l'Arabe découvrait un côté du jeune homme qu'il n'avait que soupçonné et qu'il aimait d'avantage chaque jour. Il était déjà profondément attaché à l'Asiatique avant leur séjour ici, mais à présent il savait qu'il serait l'unique amour de sa vie. C'était l'amour avec un grand A, celui dont parlent les poètes, celui dont tout le monde rêve. Il ne parvenait pas se raisonner, et même si Wufei lui tendait un piège comme le suspectaient les autres, il était près à l'accepter. Le tacticien en lui avait réalisé que le chinois pouvait très bien se prendre à son propre jeu, et Quatre était décidé à faire ce qu'il fallait pour que les choses se passent ainsi. Même si le but de Wufei était d'attaquer, il ouvrait une brèche, c'était à lui de savoir s'y engouffrer. Ses coéquipiers commettaient parfois la même erreur que ses ennemis : Ils le sous-estimaient à cause de sa "gueule d'ange". Mais Quatre n'était pas une de ces créature céleste parfaite. Il pouvait se montrer aussi retors que n'importe qui, voir plus, et buté comme un âne. A présent qu'il était parvenu à gérer le sentiment de culpabilité qu'il éprouvait envers son ami, il se sentait plus déterminé que jamais. Les Winner n'avaient pas pour habitude de renoncer à quelque chose ou à quelqu'un qui leur tenait à coeur. Ce ne sont pas les bons sentiments qui permettent d'acquérir et de diriger un empire, mais la volonté et l'ambition. Son père n'aurait pas permis que son unique héritier mâle soit une petite chose fragile et sans défense, par contre qu'il donne cette impression était une arme redoutable. Lors de leur premier affrontement, Wufei avait reproché à Norin de le prendre pour un faible, de porter un jugement basé uniquement sur son apparence, mais Wufei avait fait la même chose avec Quatre, et aujourd'hui cela se retournait contre lui. Sans en avoir l'air, l'Arabe se montrait de plus en plus entreprenant. Il tissait une toile autour de sa "victime". Duo fut le premier à comprendre que la situation s'était inversée. Le gibier n'était pas celui qu'on pensait. Comme dans la comptine le lapin avait un fusil et le chasseur risquait de se faire plomber le derrière ! C'était même plutôt amusant de voir Wufei essayer d'envoûter le blond, puis faire machine arrière avec un air presque paniqué, dès que celui-ci répondait de manière enthousiaste. Charmeur et un peu provocateur, le pilote 04 dévoilait sa vraie nature. Le jeu des apparences dans le cas de ses deux là se révélait particulièrement instructif. C'était comme découvrir qu'un chat dissimule un tigre et qu'un tigre dissimule un chat !

Même s'il comprenait leurs doutes, Wufei n'avait jamais eu aucune des mauvaises pensées que ses amis lui avaient généreusement prêté. Assister à la mort de Quatre lui avait permis de réaliser combien il tenait à lui. Il ne parvenait plus à détacher son esprit de ces terribles images, elles l'avaient ébranlé jusque dans les tréfonds de son âme.
Son comportement déconcertant et parfois un peu lunatique s'expliquait par le simple fait qu'une partie de lui était naturellement portée vers Quatre (et il avait décidé qu'il était inutile de lutter contre ce penchant), tandis l'autre... Ça lui avait fait mal de le reconnaître... L'autre avait peur, et cela pour plusieurs raisons. La moins importante était que Wufei n'avait aucune expérience relationnelle. Il avait été marié certes, mais cela avait été son unique essai, aussi bien avec les hommes qu'avec les femmes, et il s'était révélé plutôt catastrophique sur le plan intime. Personne n'avait tenu compte de leurs aspirations, de leur jeune âge ou encore de leur sensibilité en decidant de cette union ; Alors qu'ils avaient tout juste treize ans, on les avaient "enfermé" dans une chambre nuptiale avec la recommandation de copuler, pendant qu'une aïeule attendait qu'ils aient terminé pour examiner Meiran afin de s'assurer qu'elle avait bien été déflorée. Un moment aussi détestable pour lui que pour sa très jeune épouse. Après cette "nuit de noce" ils avaient décidé d'un commun accord de ne pas renouveler leur "accouplement", c'était bien le seul point sur lequel ils avaient été d'accord. Aujourd'hui, il flirtait un peu avec Sally de temps à autre, mais cela n'allait pas plus loin. La jeune femme ne se montrait pas trop entreprenante et cette situation lui convenait tout à fait, il pouvait ainsi laisser stagner leur relation. Il ne savait donc pas comment s'y prendre pour séduire, il suivait son instinct et les conseils d'un site qu'il avait trouvé sur le PC de Yui : "Comment séduire l'homme de votre vie en dix leçons." Le second point qui le dérangeait, découlait du premier, il le trouvait encore plus humiliant car il était d'ordre purement sexuel et pratique. En un mot comme en cent le Chinois se sentait dans la peau d'une pucelle effarouchée qui serre les cuisses dès que se présente la menace du vit dominateur. Parce que, autre point important qui ennuyait Wufei, c'est que dans ses fantasmes, il était "la poupée que l'on déshabille" comme le dit si bien la chanson, et il pressentait que Quatre, malgré les apparences, était un dominateur aussi bien au niveau mental que physique. Cela se voyait dans son comportement actuel. Il s'était leurré en pensant que le jeune Arabe puisse être un faible. Si au début il avait cru mener le jeu, il avait vite déchanté. Quatre prenait les choses en mains de manière magistrale... Au sens figuré naturellement, encore que s'il le laissait faire... Là encore Wufei avait fait appel à Internet, surfant de sites informatifs en sites pornos, mais il les trouvait plus effrayants qu'excitants. Au bout du compte cela ne l'aidait pas du tout, et il avait décidé de laisser les choses suivrent leur cours. Il improviserait au fur et à mesure si besoin était.
Cela faisait des jours que les deux hommes jouaient au chat et à la souris, et Wufei du admettre que se retrouver dans le rôle de la souris ne lui déplaisait pas autant qu'il se l'était imaginé. Il prenait même soin de s'arrêter de temps à autre afin d'être bien certain de ne pas distancer le chat, encore qu'il y eut fort peu de chance, car ce félin là courait vite ! On pouvait dire qu'en ce moment Wufei était un allumeur. Mettre le feu lui plaisait, mais l'idée de l'éteindre le rendait plutôt timoré. La dernière raison qui empêchait Wufei de céder, et sans doute la plus importante, c'était sa paralysie. Il était possible qu'elle soit temporaire, mais elle pouvait très bien être définitive. Il refusait d'imposer un invalide à qui que ce soit, sa fierté et son sens de l'honneur s'y opposaient totalement. D'ailleurs, après les prochains examens médicaux, si le diagnostique confirmait une paralysie définitive, il était décidé à partir. Il avait renoncé à ses idées suicidaires, et faisait tout son possible pour affronter la situation, mais si ses jambes restaient inertes, il ne pourrait plus combattre. Il devrait par conséquent s'éloigner des autres pilotes. Cette pensée le minait, il n'aurait jamais cru y être si attaché, c'était arrivé sans qu'il s'en rende compte, de manière sournoise. Mais le plus difficile serait de quitter Quatre. Il était habitué à sa présence et à ses sourires. Tout chez l'arabe lui manquerait, ses conversations,son odeur,le timbre de sa voix, sa douceur... Rien que d'y penser il se sentait déjà triste et seul. Il croyait pourtant l'aimer cette solitude... Mais c'était avant. Avant d'avoir des amis comme eux, avant d'être amoureux, avant d'avoir réaliser qu'éprouver des sentiments ne rendait pas faible. En résumé Wufei se sentait perdu. Il avait besoin de donner un sens à sa vie et jusqu'ici la guerre contre l'alliance puis contre Oz avait parfaitement remplit cet office, mais qu'en était-il à présent ? Ca ne lui suffisait plus. Et d'ailleurs, dans un avenir proche, il risquait de ne même plus avoir cela.
Quatre donnait l'impression de lire, mais en réalité il observait Wufei depuis déjà un moment. Malgré le visage calme qu'affichait l'Asiatique, il sentait la tempête qui faisait rage en lui. Ses incertitudes, sa peur... Il ne pouvait pas en saisir la nature exacte mais il la pressentait. Il comprenait les hésitations de son ami, réorienter sa vie était quelque chose d'énorme et d'affolant. S'affronter soi même était un dur combat. Le tord qu'avait Wufei, c'était de vouloir faire cela tout seul. Quatre ne demandait qu'à le soutenir, il était même prêt à le porter à bout de bras le temps qu'il faudrait. L'Arabe se leva et se dirigea d'un pas énergique vers le Chinois.
- C'est l'heure de ton massage tu viens.
Chaque jour un des pilotes massait les jambes de Wufei pour entretenir les muscles et la circulation sanguine car il fallait absolument les empêcher de s'atrophier. Wufei haussa un sourcil pour manifester sa surprise.
- Je croyais que c'était au tour de Yui.
- Je l'ai soudoyé pour qu'il me cède son tour.
- Pardon ?
- Ben oui, c'est le seul moment où je peux t'enlever ton pantalon et te caresser sans que tu cris au viol. Plaisanta Quatre avec une lueur friponne dans le regard.
- Un homme comme toi... Avec des valeurs... Ne profiterait pas d'un malade n'est-ce pas ?
- La seule chose qui explique que tu ne sois pas passé à la casserole mon petit schtroumf grognon, c'est les recommandations de Sally. Repos absolu. Et tu te rendras compte un jour, avec un bonheur infini j'en suis certain, que lorsque l'on fait l'amour avec moi ce n'est pas du tout reposant.
Quatre fut amusé de voir le Chinois rougir, il faisait tout pour que cela se produise. Il le trouvait vraiment craquant dans ces moments là, il avait alors une furieuse envie de le protéger et de le câliner. Mais surtout, Wufei ne s'inquiétait plus de son avenir, et Quatre voulait qu'il se concentre avant tout sur sa guérison. Si elle n'avait pas lieu ils aviseraient à se moment là. Quatre aida Wufei à s'allonger sur son lit et à retirer ses jeans. Il déposa une noisette de baume à l'odeur camphrée au creux de ses mains, les réchauffa en les frottant l'une contre l'autre, puis les appliqua sur la peau ambrée, en mouvements circulaires. Peu à peu ses gestes se firent plus familiers que ne l'auraient été ceux d'un vrai kinésithérapeute. Du coin de l'oeil, il vit Wufei le surveiller, et sentit son corps frissonner sous ses doigts. Le blond s'enhardit, il monta plus haut que ne le réclamait la situation, effleurant de temps à autre, comme par inadvertance, le sexe de Wufei. Le chinois ferma les yeux, et pour la première fois, s'abandonna aux caresses. Il ne chercha même pas à dissimuler l'érection que provoquaient les mains insidieuses de Quatre. Il les laissa s'aventurer entre ses jambes pour honorer la peau sensible, très haut à l'intérieure de ses cuisses. Wufei ne s'était pas rendue compte qu'il percevait ce contact de manière plus appuyé que les jours précédents, mais Quatre, lui, en était conscient. Cela signifiait que son ami retrouvait une vraie sensibilité au niveau de ses membres inférieurs. Il abandonna Wufei sans préavis et se jeta sur le téléphone pour prévenir Sally. Il connecta sur son portable l'appareil qui empêchait leurs ennemis de les localiser lors de leurs appels, puis composa le numéro avec fébrilité. Le Chinois qui retrouvait ses bonnes habitudes rouscailla devant ce manque de considération... Puis il comprit de quoi Quatre parlait.
- Je t'assure Sal, il est on ne peut plus sensible ! Malgré son sérieux, l'Arabe ne pu s'empêcher de gratifier Wufei d'un sourire ironique, en caressant son sexe toujours tendu, de son regard clair mais pas du tout innocent. L'Asiatique allait s'énerver, mais même s'il souhaitait plus que tout connaître les conclusions de la jeune femme, une idée plus brillante traversa son cerveau matois. Sous l'oeil étonné et avide de Quatre il glissa une main indiscrète sous l'élastique de son caleçon tandis que son autre main s'égarait sur son buste. Jamais Wufei ne se serait cru capable d'une telle chose, et pourtant cela l'excitait de se donner du plaisir devant l'Arabe qui essayait tant bien que mal de suivre ce que le medecin lui expliquait. Quatre, en pleine confusion, se délectait de cette vision libertine. L'Asiatique, oublieux de sa présence, s'adonnait sans retenu au piège délicieux de l'onanisme. Il mordillait sa lèvre inférieur avec une sensualité presque innocente malgré son occupation présente, qui elle, ne l'était pas du tout. L'Arabe perdait de plus en plus le fil de la conversation et sentait sa propre virilité réclamer à corps et à cris que l'on s'occupe d'elle. Il l'ignora et préféra se perdre dans la brume de plaisir qui troublait les prunelles sombres de Wufei. Le voyant accélérer le mouvement il raccrocha après avoir promis de rappeler. Il s'allongea sur le lit près du Chinois, et déposa sa bouche impatiente sur les lèvres martyrisées dans un baiser doux mais impérieux qui ne souffrait aucun refus. Tandis que sa langue charmait celle de Wufei par de tendres caresses, il saisit le poignet du jeune homme pour immobiliser sa main. Il prenait garde de bien rester sur le côté pour ne pas imposer son poids au Chinois, son dos restait fragile. Wufei glissa ses mains sous le chandail de l'Arabe heureux de pouvoir enfin frôler cet épiderme tentateur, même si renoncer à la jouissance qu'il avait senti si proche était difficile. Avec un sursaut de plaisir, il constata que les doigts de son ami remplaçaient avantageusement les siens. Il laissa échapper un gémissement qui se perdit dans la bouche ardente de Quatre. Ce dernier s'arrangeait pour retarder l'éjaculation de son amant avec un sadisme dont on ne l'aurait pas soupçonné. Il délaissa les lèvres gourmandes et souleva le pull pour couvrir le torse de baisers incendiaires. Il agaça un téton puis laissa sa langue suivre le sentier tentateur qui conduisait à son nombril, puis plus bas... Les mains de Wufei se crispèrent sur les cheveux blonds lorsqu'il sentit la langue de Quatre titiller son sexe. Le jeune Arabe aurait bien aimé jouer plus longtemps mais il savait que ce n'était pas raisonnable tant que Wufei n'aurait pas bénéficier d'un examen médical certifiant sa guérison totale. Il intensifia donc le délicieux va et vient de sa bouche. Lorsqu'il se senti au bord du gouffre le Chinois tenta de repousser Quatre pour ne pas se répandre entre ses lèvres mais son ami l'ignora trop heureux de partager enfin une telle intimité. Wufei terrassé par l'orgasme n'insista pas, c'était tellement bon... Ce n'est que lorsqu'il retrouva ses esprits qu'il se sentit un peu gêné par son abandon, et surtout pour avoir ignoré le plaisir de Quatre. En parfait égoïste il s'était contenté de prendre sans rien donner, il se sentait à présent dans la peau d'un voleur et de ce que l'on nommait vulgairement un mauvais coup. Il aurait voulu se rattraper mais se sentait gauche maintenant que son corps était rassasier. Il n'osait plus regarder son ami en face.
- Je suis désolé...
- De Quoi ? Demanda Quatre perplexe dont la seule ambition avait été de donner un bref moment de plaisir à Wufei et non de se livrer à une orgie.
- Tu le sais très bien... Je ne me suis pas montré tellement à la hauteur... On peut dire que j'ai été complètement nul ! C'est tout juste si ce n'était pas une éjaculation précoce...
De toute évidence Wufei était mortifié après cette première expérience et ce n'était pas du tout ce que souhaitait Quatre.
- Ho je vois... Rassure toi, faire l'amour comme des bêtes n'était pas au programme. Mais ne t'en fais pas, je te rappellerai tes devoir lorsque tu seras vraiment guéri ! Conclut-il avec en petit rire. Maintenant que je connaît ta saveur tu n'as plus aucune chance de m'échapper.
- Et si je reste paralysé ?
- Cela ne nous empêchera pas d'avoir une vie et une sexualité aussi normales que possible. Je t'aime Wufei, j'ai besoin de toi à mes côtés, tout le reste est secondaire.
- Sois réaliste, si c'est le cas je ne pourrais pas rester avec vous. Un autre pilote s'occupera de Nataku, j'en ai déjà discuté avec Maître O.
- Si tu n'es plus pilote tu feras autre chose voilà tout, il y a d'autres possibilité pour servire notre idéal. Je ne te laisserai pas partir Wufei même si je dois t'attacher au pied du lit.
- Nous nous déplaçons souvent et parfois nous devons fuir très rapidement... Que se passera t-il si les troupes d'Oz débarquent dans une planque et qu'il n' y a que moi ? Cloué dans un fauteuil je n'irai pas bien loin...
- Tu as décidé de t'évaporer dans la nature c'est cela ? Nouvelle identité ?
Wufei hocha la tête pour acquiecer n'étant pas sûr de pouvoir compter sur sa voix.
- Je ne sais pas encore comment nous ferons mais je ne renoncerais pas, sauf si tu ne m'aimes pas. Est-ce que c'est le cas Wufei ?
L'Asiatique savait que le mieux pour tout les deux serait qu'il réponde oui, mais perdu dans la douceur azurée des prunelles océannes il ne se sentait pas le courage de mentir.
- Non...
- Dis le... Dis le moi rien qu'une fois s'il te plait...
- Je t'aime Quatre.
- Alors tout ira bien.
"Fauteuil roulant ou pas je ferais en sorte que tout aille bien" songea le pilote 04. "Je construirai notre avenir et je te rendrai heureux, je te le jure..."
Ils s'enlacèrent et restèrent ainsi, allongés sur le lit en contemplant par la fenêtre la lande verdoyante et le ciel gris de novembre. Confiants et apaisés.

 

La lande, enveloppée par une brume dense et opalescente, était à présent recouverte d'un léger voile neigeux qui donnait à l'endroit des allures spectrales. Les chemins étaient plus difficilement praticables et assuraient par conséquent aux jeunes hommes une certaine tranquilité. Ils avaient fait provision de nourriture et de bois pour pouvoir tenir jusqu'au début de Janvier. Malgré le risque, les pilotes avaient décidé de rester dans ce pavillon qu'aucun d'entre eux ne souhaitait quitter. Juste pour quelques temps, ils souhaitaint connaître la sensation d'avoir une maison et une famille. Ils voulaient fêter la Nativité comme des millions d'autres personnes. Après cela, ils retrouveraient leur vie de soldat. Ils vivaient avec le poids d'un passé difficile et celui d'un avenir incertain, alors en cette nuit de Noël ils désiraient profiter du présent sans se poser de question, oublier le monde instable qui semblait refuser tout idée de paix. Duo avait coupé un arbre et aidé par Quatre et Heero il le décorait tant bien que mal avec des babioles. Wufei et Trowa essayaient de préparer un repas de réveillon à grand renfort de recettes trouvées sur le net. Une douce odeur de brownies au chocolat se rependait dans la petite habitation, elle titillait les narines et creusait les estomacs. Wufei les retira du four puis les déposa dans une grande assiette en grés. Quatre, lassé par la décoration, vint rejoindre sont amant. Il déposa un baiser affectueux dans le coup du chinois puis examina les gâteaux.
- Il ne sont pas un peu grillés ?
Wufei lui jeta un regard noir.
- Ils sont bien cuit voilà tout.
- C'est une façon de dire les choses.
Le chinois posa ses points sur ses hanches et se haussa presque sur la pointe des pieds pour toiser son amant de toute sa hauteur.
- Aurais tu des réclamations par hasard.
Quatre eut un sourire plus énigmatique que celui du sphinx.
- Non mais une sollicitation cela se pourrait bien...
Il se colla avec sensualité contre l'asiatique puis caressa ses fesses rondes et musclées de manière suggestive. Trowa toussota pour rappeler sa présence mais voyant que cela ne donnait rien il préféra rejoindre Heero et Duo qui eux, Dieu merci, regardaient sagement la télévision. Le français était heureux d'être parmi ses amis, surtout depuis que Wufei avait recouvré l'usage de ses jambes, mais lui aussi aurait bien aimé être près de l'homme qu'il aimait. Un peu rêveur et nostalgique il se demanda ce que Zech ferait en cette nuit de Noël, s'il pensait à lui. Peut-être qu'un jour, lorsque la paix serait rétablie, ils pourraient attendre minuit blotti l'un contre l'autre et oublier qu'à un moment de leur vie ils avaient été ennemis.

Fin

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