Auteur : Liam63
E-mail : liam63@tiscali.fr
Disclaimer : Rien n'est à moi.
CANIS LUPUS
Chapitre 12
- Mais enfin arrête ! S'insurgea le Japonais.
- Ha tu vois que tu peux être en forme le matin.
La voix rieuse, l'oeil mutin, Trowa se pressa d'avantage contre Heero tout en continuant à caresser un sexe qu'il sentait érigé. Heero de son côté eut tout le loisir de constater qu'il n'était pas le seul à être "en forme". Avec difficulté il tenta de repousser son ami qui lui paraissait soudain très déterminé.
- Trowa ! Ça suffit ! C'est pas croyable, il t'est sorti deux autres mains durant ta transformation ou quoi !
- Je croyais que tu aimais le sexe... Susurra le jeune homme. Je ne prétends pas avoir entendu tout ce que tu m'as dit ces derniers jours mais j'en ai saisis une bonne partie et... Il y a une chose avec laquelle je ne suis pas d'accord...
Heero se mordit la lèvre inférieure pour étouffer un gémissement naissant mais sans grand succès, une langueur traîtresse s'emparait de son corps à pas de géants.
- De nous deux, continua Trowa, en mordillant le lobe de l'oreille à sa portée, celui qui est fait pour être pris c'est toi. Pas moi.
Heero éclata de rire tandis que les sourcils de Trowa commençaient à se froncer, il n'appréciait que moyennement la crise d'hilarité de son ami face à ses tentatives de séduction.
- Je le crois pas... Le réservé et gentil Trowa... Murmura l'Asiatique un peu goguenard.
Il attrapa le bras de ce nouveau métamophe qui se voulait déjà dominateur et le fit passer par dessus son corps de manière à le coucher sur le dos. Il s'installa sur lui en bloquant ses poignets mais le relâcha presque aussitôt pour l'embrasser tendrement.
- C'est un jeu dangereux pour un néophyte monsieur Barton. On me dispute déjà la dominance...
- Je ne te dispute rien du tout... Je
Mais au moment même où il prononçait ces mots Trowa réalisa avec stupéfaction que Heero avait raison. Ce genre de comportement était pourtant tout à fait étranger à son caractère, il détestait l'agressivité et le pouvoir, même à petite échelle. Il croyait sincèrement à l'égalité entre les êtres. Néanmoins, à l'instant, il avait l'impression d'être tiraillé entre des aspirations, des sentiments et des actions contraires. Une part de lui voulait du sexe, voulait dominer Heero et éprouvait de la colère envers lui à cause de ce qu'il avait fait la veille, et de la peine qu'il avait si souvent éprouvé ces dernières années ; Mais l'autre voulait de la tendresse, de la complicité et pas encore de relation sexuelle, pas comme cela.
Heero vit Trowa secouer la tête dans un effort pour se remettre les idées en place.
- Ce sera toujours comme ça ? Demanda Trowa d'une voix anxieuse. Est-ce que ce mal-être fait maintenant parti de ma vie ?
Le Japonais lui caressa la joue pour l'apaiser et parce qu'il ressentait le besoin de le toucher.
- Non, tu seras bientôt en harmonie avec toi même, lorsque tu auras accepté que ton instinct animal n'est pas une autre entité parasite à l'intérieure de toi, que ce qu'il veut c'est ce que tu veux, ou ce dont tu as besoin, quelque part dans ton inconscient. Vous n'êtes pas deux Trowa, tu es juste plus conscient aujourd'hui de tout ce que tu te dissimulais hier. Il est aussi possible que tu présentes un léger trouble hormonal.
Trowa en avait naturellement entendu parlé en travaillant aux côtés du Docteur G, il n'était pas rare que les nouveaux métamorphes présentent ce genre de problème durant deux ou trois jours, le temps que leur corps "remette tout en place" comme disait Duo. Il pouvait se caractériser entre autre par une excitation sexuelle plus intense que la normale et par des sautes d'humeur.
- Tiens, tu te souviens de Burk Jonhson ?
Heero obtint immédiatement la réaction désirée, Trowa oublia ses soucis et éclata de rire. Tout le monde à Wolf Lake se rappelait de la transformation de Burk, et ce, pour deux raisons. La première était que cet homme bâtit comme une armoire à glace et aimable comme un ours affamé, n'avait cessé d'éclater en sanglots à la plus petite contrariété pendant trois jours - des oeufs mal cuits, une remarque qu'il jugeait désobligeante, un kilo en trop, et son immense carcasse était secouer de hoquets larmoyants et désespérés - La seconde était qu'il avait essayé d'agresser sexuellement madame Pince, redoutable vieille fille de son état qui rappelait vaguement Mlle Ladentelle du jeu les Sims".
- Pitié si j'essaie de sodomiser madame Pince abats moi illico, je ne pourrais pas vivre avec ce souvenir !
Heero mort de rire enlaça Trowa.
- Je crois que le meilleur moyen d'éviter qu'une si horrible chose arrive, c'est que quelqu'un se sacrifie et tu connais mon sens de l'abnégation...
Trowa baissa les yeux vers le sexe du Japonais.
- Oui... Junior a tout d'un fier petit soldat près à se sacrifier au champ d'honneur... Il mérite sans nul doute toute notre attention pour son dévouement...
Trowa fit glisser la chemise beige des épaules de son compagnon dans une caresse presque paresseuse puis fit de même avec le pantalon, révélant un abdomen musclé et des hanches étroites qui avaient longtemps occupaient ses fantasmes et ses réveils humides. Il referma à nouveau sa main douce sur la verge de l'Asiatique tandis que sa bouche cherchait la sienne. Au cours des préliminaires Heero vit les yeux de son ami prendrent une couleur de plus en plus foncée, et ses gestes se faire plus brusques. Au bout de quelques minutes il constata que Trowa ne manifestait plus ni pudeur ni tendresse. Heero s'allongea sous la poussée et pria pour que son amant garde un minimum de calme. Il pensa qu'il devait peut-être lui parler pour le raisonner.
- Mon coeur...
Le nouveau métamorphe délaissa un téton pour relever la tête. Heero senti des griffes lui lacérer légèrement la hanche droite, sans doute cela signifiait-il que le moment n'était pas à la conversation.
- Modère l'animal qui est en toi... Et n'oublie pas que j'ai le fondement délicat.
Il essayait de garder un ton ferme, mais humoristique et non provocateur pour ne pas accroître l'agressivité qui se lisait clairement dans les prunelles embrasées.
Trowa lécha les petites gouttes de sang avec une félinité qui n'avait plus rien de canin.
- Aurais-tu peur Heero Yui ? Sa voix aux accents plus graves, presque éraillée avait quelque chose de fascinant et d'effrayant.
- Peur n'est peut-être pas le mot... Disons un peu inquiet...
Trowa retourna Heero et laissa sa langue courir le long de sa colonne vertébrale. Il faisait parfois une pose pour insister sur un endroit puis repartait toujours plus bas.
- Tu n'as laissé aucun de ces hommes te faire cela n'est-ce pas ? Non, tu es bien trop orgueilleux pour ça... Tu prends mais tu ne donnes pas...Tu nous méprise tous du fin fond du pôle nord qui te sert de coeur...
Heero échappa à sa béatitude pour se concentrer sur les paroles de son ami.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- La plupart du temps tu nous regardes comme si aucun de nous n'avait de réelle importance... Tu dis que tu ne crois pas à l'amour mais en réalité tu juges tout le monde indigne de ta confiance.
- C'est faux.
- Tu m'as fait une promesse hier... Si je survivais tu étais à moi... Tu te souviens ? Le plus petit atome.
- Oui je m'en souviens et je le pensais.
- Bien. Parce qu'à partir de maintenant tu n'as plus qu'un seul amant et si je te vois traîner tes pattes dans les collines pour autre chose qu'arrêter des délinquants je ferais de ta vie un enfer.
Sans que Heero ne s'y attende et sans l'avoir préparer Trowa se glissa en lui sans plus de considération.
Heero fit un mouvement pour se défendre mais il entendit Trowa grogner de manière très agressive et compris que s'il luttait les choses ne feraient qu'empirer. Le nouveau métamorphe n'était plus que vaguement conscient de ce qu'il faisait, incapable de s'arrêter. Heero payait cher le fait de ne pas avoir compris que le dérèglement hormonale de son ami était plus important qu'il ne l'avait cru, et même s'il était pressé que Trowa en termine, il appréhendait le moment où ce dernier retrouverait son calme et ses esprits. Quand il réaliserait ce qu'il venait de faire accepterait-il de se pardonner ? Heero en doutait. Trowa était bien trop entier et soucieux du bien être d'autrui pour ne pas mépriser son comportement violent, même s'il n'en n'était pas vraiment responsable.
L'homme en vêtements kaki donna un coup de pied rageur dans la cage mais l'immense animal à présent endormi ne manifesta aucune réaction.
- Saloperie !
Les choses ne s'étaient pas déroulées selon le plan élaboré, le loup s'était montré rapide et particulièrement résistant. Même à trois ils avaient faillit le rater. Le premier projectile contre toute attente ne l'avait pas endormi et le second l'avait manqué de peu. L'animal furieux avait alors sauté sur son frère, Parker, et l'avait salement amoché. Il resterait probablement défiguré ; bon il était vrai que moche comme il était, Randy trouvait que cela ne ferait pas grande différence, mais ce qu'il ne supportait pas c'était que la proie avait faillit devenir le chasseur. Pour cette unique raison, si ce putain de loup ne valait pas aussi chère, il l'aurait abattu immédiatement. Par pur sentiment de vengeance, il saisit sa matraque électrique et envoya une décharge à l'animal mais celui-ci réagit à peine par un sursaut. Son jeune cousin, Irvin, s'interposa.
- Arrêtes.
- Ne me dit pas ce que je dois faire du con ou je t'en file un coup à toi aussi !
- Si tu l'abîmes le client risque de ne pas payer.
Randy jeta un regard mauvais à la cage.
- Tu perds rien pour attendre !
Il cracha sur le sol de la pièce poussiéreuse et sortit son téléphone portable.
- Monsieur Van Halen ? J'ai votre saloperie de bestiole. Mais ce sera le double...
Irvin se douta bien que l'autre n'était pas trop d'accord en voyant les yeux de son cousin flamboyer de haine. Lui se serait abstenu de discuter mais le client visiblement ne se gênait pas. Pour ne pas regarder en face cet auguste membre de sa famille il préféra s'intéresser aux fenêtres brisées, dont on avait obstrué l'ouverture avec des planches, et aux meubles épars qui ne semblaient plus bon qu'à alimenter une cheminée, à part la table peut-être. Le fauteuil, lui, d'après son odeur était désormais classé "résidence pour souris chanceuses". Les chaises n'étaient plus qu'un souvenir et les murs avaient étaient tagué.
- Ouai ? Ben j'en ai rien à foutre de ce qui était convenu ! Hurla Randy. C'était avant que cet enculé essaie de bouffer mon frère... C'est vous qu'allez payer l'hôpital ? Ben si justement. Le double ou pas de loup. Moi je me rattraperais toujours sur le plaisir que j'aurais à l'amocher et à le descendre. Ouai c'est ça, et du liquide n'oubliez pas. Essayez de m'entourlouper et je vous enterre profond dans les bois. Il raccrocha brusquement et remis l'appareil dans la poche de sa veste de treillis. Connard de bourgeois !
Wufei, encore endormi, tendit la main pour chercher Duo mais ne rencontra que du vide. Il tourna la tête, plissa un peu les yeux pour se protéger des rayons du soleil qui rentraient à flots par la fenêtre, et saisit le bout de papier que le jeune homme lui avait laissé sur son oreiller. Il le regarda et sourit, bêtement heureux. Duo avait dessiné une jolie rose au crayon à papier et dessous avait inscrit : "09 h 00. J'ai été cherché le petit déjeuner. J'ai passé une nuit merveilleuse et je t'aime". Le Chinois se redressa, s'étira et décida de prendre une douche en attendant le retour de son amant. Au passage il regarda son sac qui semblait vouloir lui rappeler qu'il était temps de rentrer à Seattle. Il n'était pas venu pour roucouler et il avait promis à Crissy d'être de retour demain au plus tard. Il appréhendait le moment où il devrait dire au revoir à Duo. Wufei était près à parier que celui-ci devait déjà être en train de réfléchir à la couleur de la tapisserie de leur future salle à manger. Peut-être aurait-il dû être plus clair avec lui ? Il n'avait jamais envisagé de rester ici. Il regarda encore une fois la page arrachée à son calepin "je t'aime" et il se senti mal, un noeud étrange s'était formé dans son estomac. Son instinct lui hurlait qu'il ferait une énorme connerie en quittant Wolf Lake. Après tout qu'est-ce qui l'attendait à Seattle à part Mao, et ses orchidées ? Un travail qu'il détestait, un patron qu'il méprisait, pas un seul ami, pas de famille... Il n'aimait même plus cette ville. Ici il y avait Duo. Mais il y avait aussi tout un tas d'autres choses et il n'était plus certain de vouloir savoir ce qu'elles étaient. Il y avait cette chose étrange qu'il sentait autour de lui et parfois en lui, des émotions qu'il ne comprenait pas, des énergies qu'il avait l'impression de ressentir... Et cette manière bizarre que Duo avait de le regarder par moment, comme s'il voulait lui avouer quelque chose de particulièrement difficile à dire... Sans compter ces trucs ridicules d'esprits de la forêt. Mais était-ce vraiment ridicule ? Il était à la croisée d'un chemin : Retourner à Seattle, fuir tout ce qui l'effrayait ici, une vérité qu'il pressentait dérangeante ou rester et affronter ses peurs ? Aimer librement Duo ou tenter de l'oublier en reniant ce qu'il éprouvait ? Il eut presque l'impression d'entendre la voix de son grand-père le traiter de crétin et d'atrophié du cerveau pour oser seulement se poser ces questions idiotes et il éclata de rire. N'importe qui à ce moment là l'aurait suspecté de ne pas avoir toute sa raison. Partir ou rester ? La question ne se posait pas vraiment, son aïeul y avait répondu de nombreuses années avant qu'il ne se la pose. "N'oublie pas petit, si tu fuis quelque chose, ce quelque chose finit toujours par te rattraper", et "Quand tu rencontreras l'amour j'espère que tu seras plus intelligent que ton vieux grand-père et que tu ne le laisseras pas filer" ou encore, "si tu n'apprends pas à dominer ta peur alors c'est elle qui dirigera ta vie, et crois moi il n'en sortira que de la peine". Mort, le vieil homme continuait à l'aider à vivre par toute son expérience de la vie qu'il lui avait fait partager. Wufei donna un coup de pied vengeur dans son sac puis téléphona à Crissy pour prendre des dispositions concernant Mao. En regardant sa montre il vit que celle-ci avait rendue l'âme, lors de sa chute probablement, mais d'après la lumière du jour il était bien plus de neuf heures. Crissy le lui confirma, il était dix heures trente. Elle lui confirma aussi qu'elle s'occupait de faire venir Mao à Wolf Lake, par le train, puis elle raccrocha. Wufei prit sa douche et lorsqu'il eut terminé, il constata que Duo n'était toujours pas revenu. Il commença à se demander s'il n'avait pas eu tord de prendre une décision aussi hâtive quant à son installation ici. Peut-être le jeune homme n'avait-il écrit "je t'aime" que par habitude sans y penser. Non, il était sûr que non. Alors peut-être lui était-il arrivé quelque chose...