Auteur : Liam63
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Disclaimer : Rien n'est à moi.
Canis lupus
Chapitre 16
Heero tendit son plateau vers Zech et Quatre qui saisirent chacun une tasse. Wufei refusa, il ne buvait jamais de café, et Trowa n'eut droit qu'à une infusion. Heero trouvait que ce dernier n'avait absolument pas besoin de caféine. Ensuite il se tourna vers les deux autres adjoints mais ils refusèrent également.
- Vous pouvez rentrer pour vous reposer. Et vous... Laver. Zech et moi nous restons, vous n'aurez qu'à aller directement au boulot demain.
Wufei constata que le Japonais avait les cheveux humides, cela semblait indiquer qu'il avait suivi ses propres conseilles. Monsieur Yui voulait bien tuer, mais de toute évidence il ne souhaitait pas garder trop longtemps de traces de ses actes. Il imagina durant quelques secondes ce qui avait dû arriver aux braconniers et à son patron puis chassa ces images sanguinaires. Il se rappelait trop bien ce que lui-même avait éprouvé lorsque ce hargneux loup gris lui était tombé dessus sans prévenir.
- Pourquoi tout le monde a-t-il l'air si nerveux ? Et que font ces loups dehors ? On y voit pas grand chose avec la nuit, mais j'ai l'impression qu'il y en a beaucoup.
- Ils attendent. Répondit Heero laconique.
- Quoi ?
- Des nouvelles de Treize. De notre chef de meute. Précisa Trowa. Pour nous ce serait comme perdre un roi... C'est un événement considérable. Et politiquement cela pourrait devenir une catastrophe.
- Le loup dans la cage, c'était lui. Continua le Japonais. Tu avais raison, il y avait un sacré paquet d'appareils de toute sorte la bas. Van Halen a tout simplement continué le projet de son père. Il voulait filmer une transformation pour prouver que son géniteur n'était pas barjot et que les loups-garous existent. Pour se venger de nous aussi. Nous avons retrouvé un cahier de notes qu'avait laissé Van Halen père. C'est une terrible erreur qu'ont commis nos prédécesseurs. Cela aurait pu avoir des conséquences encore plus catastrophiques. Quoique la situation présente n'est pas tellement mieux. Treize est en train de mourir. C'est la raison pour laquelle tu es là.
Wufei écarquilla les yeux. Qu'entendait-il par là ?
- Pour Dieu sait quelle raison Duo pense que tu pourras le soigner, que tu es le nouveau Lien, que l'esprit de la forêt communique avec toi.
Le sourire ironique de Heero se passait de tout autre commentaire. Il était bien évident qu'il n'y croyait pas une seconde et Wufei était bien d'accord avec lui. Il soupira.
- J'ai déjà expliqué à Duo que c'était n'importe quoi !
- Tu prétendais aussi que les loups-garous n'existaient pas.
Tous les visages se levèrent vers l'étage. Duo, habillé en noir de la tête aux pieds, se tenait contre la rambarde, ce qui lui donnait une vue imprenable sur le hall.
- Ce matin encore, reprit-il, tu n'imaginais pas que des êtres tels que nous puissent marcher sur Terre et encore moins que tu forniquerais avec l'un d'entrez eux.
Wufei se demanda ce qui le contrariait le plus. Le sourire sardonique, presque cruel, le regard sans expression, ou l'utilisation du terme forniquer, qui ravalait leur nuit d'amour à une étreinte uniquement animale où les sentiments n'avaient eu aucune place.
- De toute manière, reprit Duo, ce n'est pas comme si tu avais le choix. A partir de maintenant ta vie dépend de la sienne. S'il meurt, tu meurs. Et au cas ou tu te poserais la question ce n'est pas une décision du conseil... C'est la mienne. (1) Maintenant ramènes tes fesses ici.
Sans attendre de voir si Wufei s'exécutait le jeune homme tourna les talons et pénétra dans une pièce sur sa droite. Un silence pesant s'était installé. Wufei dévisagea Trowa, Quatre, puis Heero et enfin Zech. Ce tour d'horizon lui permit de comprendre qu'aucun d'entre eux ne l'aiderait si Duo décidait vraiment de le tuer. Quatre qui estimait que Wufei avait droit à une explication le fixa dans les yeux.
- Bien que tu n'aies pas été admis dans la communauté, Duo t'a choisit comme compagnon en faisant l'amour avec toi. Avec un loup, comme lui, cela n'aurait été guère plus qu'une aventure mais comme tu es un humain il marque ainsi sa... Le jeune blond hésita un peu sur l'utilisation du terme. Sa propriété sur toi. Et puisque tu es aux yeux de notre communauté, quantité négligeable, Duo a droit de vie et de mort sur toi. Personne ici ne s'interposera, même ceux qui ne sont pas d'accord. Ce sont nos lois.(2)
- Vous n'êtes que des animaux ! Hurla le Chinois. Aucun être vivant n'a un droit de propriété sur un autre !
- Vous possédez bien des chiens, des chats, des oiseaux et dans certains pays des Hommes possèdent d'autres Hommes. L'esclavage n'est pas aussi mort que vous vous plaisez à le croire. Votre société est loin d'être plus civilisée que la notre, elle est juste plus hypocrite. Asséna Heero sans émotion.
Wufei s'étouffait presque de rage. Il n'en trouvait plus ses mots, tant son indignation culminait. Il leur tourna le dos et grimpa les escaliers quatre à quatre pour rejoindre Duo. Ce dernier était assis près d'un grand lit en chêne massif où reposait le grand loup noir qu'il avait aperçu dans la maison Jenkins. Dans un coin de la pièce un homme d'un certain âge tripotait nerveusement sa moustache. Assis lui aussi il se leva à l'entrée de Wufei.
- Bonsoir, dit-il à voix basse, je suis le docteur Gordon.
L'Asiatique lui adressa un bref regard puis posa ses prunelles ardentes sur celui que la nuit dernière il tenait encore dans ses bras .
- Et maintenant que suis-je sensé faire ? Ceindre mon front d'une couronne de fleur, passer une robe et aller danser pieds nus dans la forêt pour invoquer la nature ?
C'est à peine s'il ouvrait la bouche pour parler, les mots glissaient hors de ses lèvres comme des serpents chargés de rancoeur. Il avait fait du mal à Duo et il en était profondément désolé, mais cela ne justifiait en rien son comportement actuel et surtout la manière méprisante dont il affichait sa "propriété" sur lui. Il pouvait comprendre la peine qu'il éprouvait devant la mort imminente de son beau-père mais il n'acceptait pas sa conduite et encore moins sa domination. Pour qui se prenait-il ?
Duo se releva, s'approcha calmement puis avec une vitesse et une force stupéfiante il colla violemment Wufei contre le mur, son avant bras appuyé sur sa trachée, et son corps contre le sien pour empêcher tout mouvement défensif. Ses lèvres contre son oreille il murmura :
- Tu aurais tord de ne pas me prendre au sérieux...
Wufei étira son cou pour reprendre un peu d'air. Duo relâcha un peu sa prise.
- Ho mais je te prends tout à fait au sérieux... J'ai culpabilisé toute la journée car je pensais avoir été injuste avec toi ce matin... Mais finalement je n'étais peut-être pas totalement dans le faux.
L'Asiatique ressentit dans tout son corps le grondement sourd du métamorphe. Ses yeux dorés étaient coupants comme les plus fines lames... Il sentit les lèvres de Duo sur son cou, le bout de sa langue remontait langoureusement jusqu'à la base de son menton puis suivre le délicat pavillon de son oreille. Le jeune homme se sentit frémire jusque dans ses orteils. Mortifié, il réalisa que Duo ne pouvait que sentir son érection en étant si proche de son corps. C'était si différent de ce qu'ils avaient partagé cette nuit, moins sentimentale mais tellement plus animal... Wufei refusait d'admettre qu'il trouvait la situation follement excitante. Comment Duo qui s'était montré si câlin, presque soumis pouvait à présent se révéler si dominateur, si bestial... Il pressentait que si les circonstances avaient été autres il l'aurait prit avec brutalité, et Wufei commençait à se demander s'il n'aurait pas aimé cela. Non hurlait une partie de sa raison, celle qui lui rappelait qu'il n'avait même jamais voulu entendre parlé d'un percing au téton sauf s'il avait droit à une anesthésie générale... Bon sang réveilles toi hurla la même voix dans sa tête, il a quand même parlé de te tuer ! Avec un rire bas et moqueur le métamorphe relâcha Wufei et le propulsa vers le lit de Treize.
- Débrouilles toi comme tu veux mais guéris-le. Je sais que tu peux le faire. Tu l'as fait pour moi dans la forêt. Tu as soigné mon épaule déboîtée seulement en me touchant.
- C'était une coïncidence, elle n'était probablement pas vraiment déboîtée... Et même si tu disais vrai je ne sais pas comment cela s'est produit.
- Trouves. Déclara Duo sèchement.
Quatre, Heero et Trowa quittèrent le pas de la porte pour se rapprocher. Le Japonais posa une main amicale sur l'épaule de Wufei.
- Essai de le toucher. Murmura-t-il. Il se passera peut-être quelque chose.
Cette marque de considération inattendue surprit beaucoup le Chinois, mais lui fit du bien. Wufei s'agenouilla près du lit et glissa ses doigts dans la fourrure sombre du loup tout en fixant Duo.
- Que ce soit bien clair Canis Rufus, siffla-t-il, je ne fais pas ça parce que tu me menaces mais parce que j'estime que toute vie est précieuse. Et je ne t'appartiendrais jamais.
Duo eut un sourire en coin mais ne répondit rien. Il préféra laisser Wufei se concentrer, le "tu m'appartiens déjà" qu'il sentait sur le bord de sa langue n'aurait fait que relancer une polémique qui n'était pas d'actualité. Duo avait décidé que larmoyer ne serait d'aucune utilité dans son aventure avec Wufei et surtout ce n'était pas dans sa nature, le découragement ne durait jamais. S'il fallait attacher cet humain borné au pied de son lit, fois de métamorphe il le ferait. Il le ferait tellement hurler de plaisir qu'à la fin Wufei n'aurait plus assez de voix pour autre chose que des gémissements. Et s'il fallait utiliser la force, alors il l'utiliserait. Il n'avait jamais été dans son intention de le tuer, mais peut-être que la menace suffirait à motiver Wufei. Et puis il n'avait pas menti en disant que sa vie dépendait de celle de Treize, si Eliot était élu chef de meute, il ordonnerait au mieux l'internement du Chinois dans l'asile de la ville, au pire la mort. A moins que ce ne soit le contraire. Mais si Wufei guérissait Treize, non seulement cela lui conserverait un père qu'il aimait, mais cela donnerait à Wufei une position particulière dans la meute. Il en ferait partie sans lui appartenir réellement. Chaque loup le protègerait comme s'il était l'un des leurs. Par contre il devrait aussi se soumettre à leurs lois. Ca ce n'était pas gagné.
Au bout de quelques minutes il devint évident pour tout le monde qu'il ne se passait absolument rien.
- Tu ne te concentres peut-être pas assez. Dit Quatre pour l'encourager.
Wufei lui jeta le regard du pitbull(3) à qui on vient d'ôter sa pâtée.
- Tu crois que c'est facile avec vous tous sur mon dos ! Je fais ce que je peux.
Wufei Grincheux Chang se redressa brusquement.
- Ca ne sert à rien. Il ne vous est pas venu à l'esprit que c'était peut-être dans l'ordre des choses qu'il meurt ?
- Ce n'est pas à cause de ses blessures qu'il meurt, intervint le docteur Gordon. Cela, Trowa et moi-même sommes parfaitement en mesure de le soigner. De plus les loups on une faculté de récupération hors du commun, qui dans certains cas accélère leur guérison quand cela est possible. Ce n'est pas toujours le cas, ce ne sont que des organismes vivants et ils en présentent aussi les faiblesses. Une maladie comme le cancer leur est tout aussi fatal qu'à nous, mais elle met plus de temps à les tuer, ce qui n'est pas forcément une bonne chose remarquait... Là il se trouve que ce Van Halen a injecté à Mr Kuschrénada un produit que nous ne parvenons pas à analyser. J'en ai envoyé un échantillon à Sally Po et elle est aussi démunie que nous. Comment soigner ce que nous ne parvenons pas à identifier puis à isoler ? Peut-être Van Halen souhaitait-il affaiblir sa volonté, peut-être son corps ou bien était-ce destiné à facilité et accélérer la transformation... Nous n'en avons aucune idée. Quoiqu'il en soit ce produit l'empoisonne. son corps résiste mais...
Wufei n'avait pas besoin d'entendre la fin de la phrase il était plus qu'évident que Treize Kushrénada perdait la bataille.
- Nous ne sommes pas préparés à sa mort. Rajouta Trowa. Politiquement je veux dire. Eliot pense que nous n'avons pas à vivre cacher, à nous terrer comme des lapins. Il dit à qui veut l'entendre que nous sommes la race dominante, et que nous devons quitter Wolf Lake pour conquérir le monde. Que nous devons nous infiltrer dans les postes clés, que nous devons nous reproduire d'avantage afin d'être de plus en plus nombreux, et que peu à peu nous dominerons les humains qu'il considère comme une sous race. Il a quelques partisans dans cette ville, plus nombreux que nous ne le voudrions. Jusqu'à présent la plupart des loups ont confiance en Treize pour les guider, c'est sa force et son charisme qui font barrage à Eliot. Mais beaucoup d'entre nous, surtout les plus jeunes, se sentent prisonnier de ce qu'ils sont, ils ne se satisfont plus d'une vie simple, ils s'éloignent de la nature et croient de moins en moins à nos anciennes croyances. Eliot leur offre une Aventure. Un moyen de changer leur quotidien et beaucoup pourrait se laisser influencer par ces belles paroles. Ils ne se rendent pas compte qu'il ne leur offre que la mort. Nous ne serons jamais assez fort et assez nombreux pour nous imposer comme il le prétend. Tout ce qu'il apportera c'est des tueries. Côté humain et côté loup. Il va utiliser la mort de Treize pour appuyer ses dires et prouver que nous ne sommes pas en sécurité ici... Alors non Wufei. Je ne crois pas que sa mort soit dans l'ordre des choses.
- Peut-être que si vous aviez arrêté Van Halen et les braconniers au lieu de les tuer nous saurions de quoi votre chef de meute est en train de mourir.
Sans rajouter un mot le Chinois reposa ses mains sur le corps du loup.
(1) ben quoi, j'ai jamais prétendu que Duo était aussi sympa qu'il en avait l'air... C'est que c'est rancunier un loup-garou lol
(2) Alors ça je l'ai completement inventé lol J'espère que les fans de Wolf lake ne m'en voudront pas. L'esprit de la série est loin d'être respecté...
(3) Je sais c'est un jugement injuste car certains de ces chiens sont très gentils