Auteur : Liam63

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Canis Lupus
Chapitre VII

 

Sur les conseilles (plutôt insistants) de Duo, Quatre accepta, vers le milieu de l'après midi, de rentrer quelques heures chez lui pour dormir un peu. Il quitta ses amis à regret, mais promis qu'il serait de retour au plus tard vers vingt deux heures. Malgré l'état de santé déclinant de Trowa, il ressentait de plus en plus le manque de sommeil. Heero, lui, ignora avec un art consommé, toute recommandation quant à son besoin de repos. Après sa brève escapade sous la véranda, il était resté près de Trowa comme s'il avait été vissé à sa chaise. De temps à autre, il lui parlait de tout et de rien, mais aussi de choses plus intimes, sans se soucier de la présence des autres, puis retombait dans son mutisme. Duo, avec une constance en apparence inébranlable, continuait à faire absorber au métamorphe diverses plantes, où à les lui appliquer en cataplasme mais c'était souvent très difficile. Il lui fallait profiter des rares moments d'accalmie. La tisane soporifique avait accordé à Trowa quelques heures de répit mais elle s'était révélé un échec en ce qui concernait la transformation. Le blocage de son ami était trop profondément ancré. Ou peut-être n'était-il tout simplement pas fait pour être des leurs. Après tout, ses soeurs avaient toutes les deux échouées.

Le jeune homme, malheureux comme les pierres, cherchait une solution qui ne venait pas. Il avait beau répertorier à l'infini tout ce qu'il connaissait en matière de soin et de métamorphose, rien ne semblait assez efficace. Au bout du compte, afin de soulager sa frustration, il donna un grand coup de pied dans le bahut en bois doré qui contenait la vaisselle de Trowa. Si ses orteils avaient eut la parole, ils lui auraient sans nul doute dit tout un tas de choses désagréables sur son comportement puéril. Il en était là de ses ruminations lorsqu'il reconnut le bruit caractéristique d'une moto en approche. Heero, qui l'avait entendu aussi, le rejoignit devant la fenêtre de la cuisine. On ne voyait encore personne mais tous deux savaient qui se déplaçait à moto et qui était susceptible de venir jusqu'ici.

- Empêches-le de rentrer. Occupes-le. Ordonna le Japonais.

- Et je fais comment ?

- Utilise ton charme naturel et entraîne le dans un buisson. Je crois que ce ne sera pas un très gros sacrifice à consentir...

- Il fait froid et il pleut !

- Il pleuvote. Et je suis certain qu'il saura réchauffer tes jolies fesses. C'est très sensuel l'amour sous la pluie.

- T'es vraiment un pervers avec tes airs de ne pas y toucher !

- Fais ce que tu veux mais débarrasses toi de lui !

Heero tourna les talons et retourna dans la chambre. Duo, à la fois inquiet et content, regarda Wufei se garer, puis ôter son casque. Sans attendre, il sortit pour l'accueillir et surtout le tenir éloigner.

- Tu es perdu étranger ? Ronronna Duo d'une voix rauque tout en s'approchant. Sois prudent, les bois sont très dangereux... Plein de grands méchants loups.

- Je ne suis nullement égaré, j'apporte un pot de confiture et une galette à ma mère-grand.

- Les petits chaperons rouges ne sont plus ce qu'ils étaient ! Mais... On y gagne, ils sont bien plus appétissants !

Sans formalité et avec un culot monstre le jeune homme caressa sans pudeur les fesses fermes et rebondis de l'Asiatique. Il y avait déjà un long moment qu'il avait une envie irrésistible de faire une telle chose. Tout son corps en frissonna de délice.

- Ce sans gêne, cet air sûr de toi et ce côté Playboy de pacotille sont fortement inappropriés en ce qui me concerne. C'est ce genre de comportement qui m'a déplu chez toi, à l'instant même où je t'ai vu.

Duo s'écarta avec la vivacité d'un chat qui vient de prendre un seau d'eau sur la tête.

- Je suis venu voir comment va Trowa.

- Il va bien.

- Tu ne sais absolument pas mentir...

- Alors arrêtes de me poser des questions et je ne serais pas obligé de te mentir. En réalité tu n'en as rien à foutre de lui, tu le connais à peine. Ce n'est pas Wufei qui s'inquiète, c'est le journaliste qui ne peut pas s'empêcher de mettre son nez partout. Qu'est-ce que tu cherches ? Un super scoop qui te remettra sur les railles ? Alors je vais être clair, tu ne partiras jamais de Wolf Lake avec le moindre scoop. A présent tu peux rentrer à l'hôtel, je transmettrais à Trowa tes voeux de bon rétablissement.

Wufei observait avec attention ce Duo qu'il ne connaissait pas, comme un entomologiste examine une nouvelle variété de papillon aux couleurs chatoyantes. Le jeune homme disait des choses désagréables bien sûr, mais il ne voyait que l'orage qui grondait derrière ses belles prunelles améthyste, et qui engendrait une variation de teinte tout à fait fascinante. Duo avait un regard merveilleux, et lorsque les lueurs qui l'habitaient se mouvaient au rythme de ses émotions, il était impossible de voir autre chose. Wufei réalisa que seule une aurore boréale serait en mesure rivaliser avec une beauté si singulière. Devant la fausse impassibilité de l'Asiatique, Duo repris sa diatribe contre Wufei. Celui-ci, impulsif, étouffa sous sa bouche affamée toute autre remarque déplaisante. Duo, partagé entre la colère, la peine d'avoir été si violemment rejeté auparavant, celle qu'il ressentait face à la souffrance de Trowa, et le besoin qu'il avait de Wufei, se sentait perdu et éperdu. Il enlaça le Chinois avec une passion et une avidité qui laissaient largement présumer d'un tempérament sexuel fougueux... Mais aussi d'un certain désespoir. Wufei resserra son étreinte de manière un peu brusque. Duo le repoussa doucement avec une petite grimace de douleur.

- Tu es blessé ?

- Ce n'est rien je me suis juste déboîté l'épaule hier en tombant dans les escaliers.

- Je croyais que tu avais eu un accident de voiture.

- Ha... Oui... Oui bien sûr, j'ai aussi eu un accident de voiture.

- Tu n'as vraiment pas de chance dit donc... Ironisa le Chinois.

Il se tourna vers la Land Rover de Duo qui ne présentait pas la moindre égratignure.

- Apparemment elle a beaucoup moins souffert que toi. Trowa m'a dit que tu avais heurté un sapin. Ils sont drôlement sympas avec les voitures les conifères de la région.

- C'était la bagnole de mon beau-père. La grande inquisition a terminé ?

Wufei soupira.

- Bon je suppose qu'il est hors de question de me laisser rendre visite à Trowa.

- Tout à fait.

- En ce cas je vais aller voir cette fameuse maison avant que la nuit ne tombe.

- Celle de Mary Jenkins ?

- Oui. Tu en as entendu parlé ?

- Tout le monde la connaît. Il n'est pas rare que des ados en mal de sensation forte y fasse une virée...

- Et je parie ma chemise que tu as été de ceux la.

- Si tu perds, tu l'enlèves ?

- Ne recommence pas.

- Ce que tu es compliqué ! D'abord tu dis que je ne te plais pas, après tu m'embrasses comme si tu allais me faire l'amour dans l'instant, ensuite tu t'inquiètes pour moi et puis tu redeviens distant... Y a pas moyen de suivre la danse avec toi !

- Je n'ai jamais dis que tu ne me plaisais pas.

- Si tout à l'heure.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je t'apprécie énormément lorsque tu restes naturel, malheureusement la plupart du temps tu te crois obligé de jouer un rôle. La drague à la truelle ça fonctionne peut-être avec les autres mais personnellement je n'aime pas du tout.

- Ho je vois monsieur est "Amour Courtois" !

- Il me semble qu'entre les deux il y a un juste milieu.

- De toute façon qu'est-ce que ça peut faire ? Tu t'en vas demain. Et puis, je m'en fiche de ton avis.

Wufei pencha un peu la tête de côté et sourit avec tendresse devant une remarque si puérile. Il préférait sans conteste ce Duo là.

- Tu resteras longtemps un fantasme tu sais...

- Je préférerais être un souvenir. Un lettré tel que toi dois certainement saisir la nuance...

Le Chinois considérait l'air songeur de Duo avec amusement et une pointe d'excitation. Le flou de son regard laissait supposer tant de choses délicieuses, que Wufei envisagea la possibilité de lui faire l'amour, là, dans la boue, mais son côté un peu "précieux", comme disait Meiran, repris le dessus. C'était un aspect de la personnalité de son cousin qu'elle avait aimé tourner en dérision. Wufei détestait tout ce qui de près où de loin pouvait s'apparenter à la crasse, à la graisse dans les aliments et aux moustiques. Il avait en horreur les sports d'équipe, enfin surtout la promiscuité des vestiaires, ses odeurs caractéristiques heurtaient sa sensibilité olfactive. Le chlore des piscines lui donnait des allergies, et pour conclure, chose que son soldat de père ne lui avait jamais pardonné, il détestait les armes à feu, la guerre et la chasse. Dans un milieu où tirer le chevreuil était une institution, Wufei avait fait honte à sa famille en pleurant comme une madeleine devant un cerf agonisant qu'il n'avait même pas été capable de tuer proprement. Il avait dix à l'époque mais il s'en souvenait avec une précision stupéfiante. Il avait ressentis l'impression d'avoir commis un sacrilège abominable. On l'avait obligé à achever l'animal et il en avait rêvé pendant des jours, cette impression de partager le froid de la mort l'avait longtemps poursuivit. Malgré la colère et les exigences de son père, Wufei n'avait plus jamais voulut tenir un fusil et encore moins l'accompagner à la chasse. Il préférait la pêche avec son grand-père où il n'attrapait jamais rien parce qu'il ne mettait pas d'hameçon. Aujourd'hui s'il lui arrivait de mitrailler un animal c'était uniquement avec un appareil photo.

- Tu veux bien me parler de la maison ?

- La maison ? Interrogea Duo avec l'air égarer de quelqu'un que l'on sort brusquement du sommeil.

Il se tourna vers l'habitation de Trowa.

- Ben il n'y a rien à en dire...

- Pas celle là triple buse ! La maison hantée.

- Ha oui c'est vrai. En réalité Sally serait peut-être en mesure de t'en dire d'avantage car elle lui appartient maintenant. Je ne me suis pas intéressé à son histoire.

- Tu y as vu quelque chose ?

- Rien du tout. Mais Zech par contre c'est diffèrent.

- Le shérif ?

- Ouaip !

- Il ne voudra jamais m'en parler, il me déteste.

- Pas du tout. Il protège Wolf Lake c'est tout. Dis-lui que c'est mon beau-père qui t'a suggéré ce sujet et il t'offrira même un café.

- Comment sais-tu que c'est Treize Kuschrénada qui m'en a parlé ?

- C'est mon idée. C'est un bon compromis non ? Toi tu as un sujet en or, et nous on préserve notre tranquillité. Soyons sérieux tu ne tireras rien de ton histoire de loups-garous.

- Hum. Vous n'auriez pas inventé tout cela rien que pour moi par hasard ?

- Je te jure que non. Et même si c'était le cas cela ne serait pas plus inventé que ton histoire de vampire dans le Nebraska.

Wufei prit un air offensé guère convaincant.

- Comment cela ? Ne me dis pas que tu n'y crois pas ?

- Cela dit c'était merveilleusement romancé. Bram Stocker aurait adoré.

- Tu es en train de blesser ma fierté de journaliste. Cet article est sans doute l'un des plus réussit, peut-être après mon article sur le sasquatch cela dit.

Duo déposa un baiser léger sur les lèvres de Wufei.

- Et là je suis pardonné ?

- Je ne sais pas trop...

Il passa sa main derrière la nuque de Duo pour lui voler un nouveau baiser plus insistant que le premier.

- C'est mieux là ? Demanda le jeune homme à la natte faussement inquiet.

- Encore un peu, j'adore ta façon de demander pardon.

- Imagine ce que c'est lorsque j'ai fait une grosse bêtise ou que j'ai été très méchant.

- Si tu es libre ce soir on pourrait aller dîner... Et plus si affinités.

Et des affinités il semblait y en avoir ! Mais Duo fut balayé par une immense vague de culpabilité en réalisant que durant ces quelques minutes avec Wufei il avait oublié la souffrance de Trowa et... L'éventualité de sa disparition.

- Je ne peux pas.

Il se sentait déchiré. Il savait que Wufei partait tôt le lendemain matin et que c'était sa dernière chance de passer du temps avec lui, mais son meilleur ami était en danger et il était incapable de l'abandonner, même à Quatre.

- Tant pis.

Wufei l'embrassa encore une fois avec douceur puis enfourcha sa moto. Il souleva son casque pour le mettre mais s'arrêta à mi-chemin.

- J'ai été content de te rencontrer. Peut-être une autre fois.

- Oui... Peut-être...

Wufei démarra, fit un petit signe de la main et disparut derrière les sapins du premier tournant. Duo encore plus abattu qu'auparavant regagna l'intérieure de la maison. Il se dirigea vers la chambre pour juger de l'état de son ami. Il était calme pour le moment, mais les premiers signes d'une forte agitation apparaissaient par instant. Dans ce silence, Duo et Heero tournèrent leur visage en direction de la ville avec une parfaite synchronie. A l'écoute.

- Il est vicieux. Commenta Heero

- Il merveilleusement intelligent... Soupira Duo.

- Moi je dirais borné. Mais je suis plus objectif.

- Il ferait un merveilleux compagnon...

Wufei avait arrêté sa moto bien plus bas, là où des humains n'auraient pu l'entendre, et de toute évidence il s'apprêtait à remonter à pieds, discrètement.

- J'y vais.

Heero se leva le visage décidé. Son ami l'attrapa par le bras.

- Promets-moi que tu ne lui feras pas de mal.

- C'est juste pour lui faire peur. Il ne lui arrivera rien. Puisque le petit chaperon rouge se donne la peine de monter jusqu'ici à travers les bois, la moindre des choses est de lui fournir le grand méchant loup.

- Tu as écouté ?

- J'ai entendu, ce n'est pas pareil.

- Prends-moi pour un con en plus ! La vérité c'est que tu n'as pas confiance.

- En effet. Je ne suis pas certain que tu saches où sont tes priorités en ce moment.

- Tu n'as pas le droit. Tu es injuste.

- Peut-être. En attendant c'est pas le moment de discuter.

- Si tu lui fais quoique ce soit, je te jure que tu le regretteras Heero Yui.

Le Japonais sortit sans même lui accorder un regard. Duo était furieux mais Trowa recommençait à s'agiter et il du s'occuper de lui.

 

A suivre...

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