Auteur : Liam63

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Disclaimer : L'univers de Gundam Wing n'est malheureusement pas à moi.

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ENNEMI INTIME

Chapitre VII

 

Vers vingt heures Trowa et Heero se décidèrent à préparer des frites pour le dîner, ils étaient donc tout deux de corvée de pluche, le français espérait ainsi faire plaisir à Lucas. Duo, dans le salon, continuait ses coloriages d'un air morne en compagnie d'Amaya.
- Il a l'air vraiment déçu, constata le japonais, tu n'arrives toujours pas à joindre Wufei ?
- Non je n'ai que sa messagerie.
- S'il a finit tard il est peut-être rentré directement chez lui. Après tout il doit aussi consacrer du temps à son fils et à sa femme.
- Hum...
- Ce n'est pas facile pour lui.
- Et tu crois que ça l'est pour les autres ! Excuse-moi, je n'ai pas le droit de m'énerver après toi... Sa voix ne fut plus qu'un souffle comme s'il murmurait pour lui même... Ce n'est pas facile de ne pas correspondre aux attentes de l'autre et d'être celui qui reste sur la touche.
Heero n'était peut-être pas un fin psychologue mais il était tout à fait évident que Trowa ne parlait pas uniquement de Duo. Malgré l'air impassible qu'il affichait en temps normal, quelque chose lui pesait sur le coeur. Ceci expliquait sans doute pourquoi, depuis la fin de la guerre, il était toujours pas monts et par vaux et ne s'autorisait pas une pause assez longue pour penser. La grande question était : Aux attentes de qui Trowa ne correspondait-il pas ? Heero ne se sentait pas le droit de le lui demander. La vie intime de l'autre était la limite que jamais aucun des deux ne franchissait. Le japonais se leva pour chercher le plat adéquat à la cuisson de cette merveille de raffinement culinaire qu'ils étaient en train de préparer, mais il eut beau chercher dans les placards du haut comme dans ceux du bas : Pas de friteuse.
- Je crois que nous avons un problème.
Aucun des deux n'avaient envisagé la possibilité que Duo ne possède pas la source du plaisir de ses papilles gustatives, dit de manière moins poétique, que cette tête folle ne possède pas une friteuse banale, lui qui pourrait manger des frites sur la tête d'un teigneux. Bon il est vrai qu'il n'était pratiquement jamais sur Terre, il était donc normal que la maison manque d'un certain nombre de choses pratiques et qu'elle ait besoin de
certaines rénovations.
- Trowa tu m'écoutes ?
- Hum hum... Naturellement.
Heero toujours penché, le nez dans le placard, ressentit l'étrange impression d'être observé. Il releva un peu la tête et même si Trowa détourna très vite les yeux il aurait pu jurer que celui-ci était en train de mater allègrement son postérieur. Le français ne lui donna pas l'occasion d'analyser plus avant la situation et le poussa sur le côté pour s'emparer d'une sauteuse. Il y versa une bonne quantité d'huile et alluma la plaque chauffante.
- Tu sais Heero tu n'es pas obligé de rester si tu as autre chose à faire... Je peux m'occuper de Duo et le protéger si c'est nécessaire.
- Je n'en doute pas mais je n'ai rien à faire.
- Tu devais voir Katsumi non ?
- J'ai annulé cette après midi.
- Tu peux la rappeler et...
- Pourquoi ai-je l'étrange impression que tu essai de te débarrasser de moi tout à coup ?
- Pas du tout, c'est juste que...
C'était la première fois que l'ex pilote 03 semblait embarrassé.
- N'en parlons plus. C'était une idée en l'air, on ne va pas écrire une thèse dessus. Je pensais juste te rendre service.
C'était aussi la première fois qu'il manifestait sa mauvaise humeur. L'espace d'une seconde Heero hésita à trahir sa réserve naturelle et l'accord implicite qui lui interdisait de poser une question sur la vie privée de son ami. Pour une fois il n'écouta que son instinct. Bon d'accord il écoutait principalement sa curiosité.
- Dis moi Trowa... Tu ne préférerais pas les hommes aux femmes par hasard ?
Après tout il ne leur avait jamais présenté personne, ni d'un sexe ni de l'autre et il n'était sans doute pas asexué. Même lui, Heero Yui, de son petit nom soldat parfait, ne l'était pas. Ni asexué. Ni parfait. De toute manière comme le lui avait fait observer Duo avec sa justesse d'esprit coutumière : La perfection c'est chiant ! Trowa lui jeta le regard qu'octroie un animal sauvage à un autre lorsque celui-ci s'aventure sur son territoire et qui disait clairement : Fait demi tour ou je t'arrache la jugulaire. Le premier venu aurait pris ses jambes à son cou mais comment pouvez espérer faire peur à un type qui saute du haut d'un immeuble ou qui s'autodétruit avec son gundam ? Ils en étaient là de leur "duel" lorsqu'une suite d'énormes "schbong" impatients retentit dans toute la maison. On était très loin du toc toc discret et gracieux. Quand les garçons arrivèrent dans le salon Amaya ouvrait la porte à un Wufei surchargé qui de toute évidence s'était acharné sur la porte à coup de pieds. Il maintenait son fils contre son épaule avec le bras droit, sa main tenait sa sacoche, un immense sac en cuir marron pendait sur son épaule gauche tandis que sa main du même côté pressait contre sa hanche une pile de livre qui menaçait de s'écrouler.
- Ne venez pas m'aider surtout !
- C'est demandé si gentiment. Ironisa Heero.
Wufei poussa un soupir exaspéré, il n'y a pas à dire celui là il le préférait quant son vocabulaire se limitait à des "hn". Et sans qu'il le sache Trowa partageait tout à fait son impression. Amaya prit le bébé et Heero les bouquins. Le chinois pu alors laisser tomber son sac sur le sol et poser sa serviette sur la table.
- Mes aïeux quelle journée ! Il se tourna vers Trowa. Et la votre ça a été ?
- Pas de problèmes.
Tous les regards étaient posés sur l'américain qui gardait la tête baissée et continuait son coloriage, il n'était pas difficile de voir qu'il boudait. Il avait tant attendu Wufei que c'était un peu surprenant qu'il l'ignore de cette manière. Le chinois s'approcha et s'assit sur le fauteuil à côté de lui.
- Tu ne veux pas me raconter ce que vous avez fait aujourd'hui.
Lucas jeta un regard empli de rancoeur sur Shaozu.
- C'est qui celui-là ?
Outch, ainsi donc le noeud du problème était là. L'américain se sentait menacé par la présence du bébé et il l'exprimait comme l'enfant qu'il était. Wufei repris son fils des bras de la jeune portoricaine et revint s'installer prés de Duo.
- C'est mon fils Shaozu. Tu veux le prendre ?
- Non. J'ai faim quant est-ce qu'on mange ?
- Ho merde les frites !
Trowa repartit dans la cuisine d'un pas pressé. Dieu merci elles étaient dorées à point. S'il y avait une chose qui insupportait le français c'était de faire brûler un plat. Ce n'était pas dramatique bien sûr mais il avait horreur du gaspillage. Dans le salon l'ambiance demeurait un peu électrique.
- C'est dommage avoua le chinois avec un air faussement triste. Je comptais sur toi pour m'aider, j'avais besoin de quelqu'un en qui je puisse avoir confiance.
- C'est vrai ?
- Tu crois que je confierais la chair de ma chair au premier venu.
- Et les autres ? Trowa il est super chouette, on a été voir les pingouins. Il dit qu'ils vivent là où il fait très froid, si froid que mes oreilles seraient toute gelées et qu'elles tomberaient, je serais pas beau sans oreilles ! On a aussi vu une girafe et elle a voulu me bouffer la tresse. Regarde.
Pour plus de conviction Duo mit le bout de sa natte sous le nez de Wufei. Bien évidemment on y voyait rien d'anormal.
- Tu vois pourquoi je ne veux pas lui confier le bébé. Trowa est un inconscient. T'emmener dans un endroit plein d'animaux qui ne rêvent que de manger des enfants. Heero est trop distant et Amaya va bientôt s'en aller.
Duo se tourna alors vers elle.
- C'est vrai ? Tu vas partir ?
- Dans deux jours. Je dois rentrez chez moi près de ma famille.
- Dommage. C'est où chez toi ?
- Sur L2.
- Le dîner va refroidir. Glissa Trowa dans la conversation.
Duo se leva.
- Ouai et les frites froides c'est dégueu !
Sur cette constatation il se dirigea vers l'odeur presque hypnotique sa main refermé sur celle de Wufei.
- On pourrait amener Shaozu au zoo... Il aimerait sûrement voir les grosses bêtes rousses avec des rayures noires... Elle sont très belles.
Lucas leva vers le chinois un regard innocent, il avait omis de parler des grandes dents blanches. Tous les adultes présents se dirent qu'il faudrait surveiller Lucas juste au cas ou... Ils s'installèrent autour de la table et attaquèrent avec sauvagerie les innocentes pommes de terre. Wufei voyait bien que ses amis mourraient d'envie de l'interroger sur la présence de son fils et du sac dans l'entrée mais qu'aucun d'eux ne voulait aborder un sujet qu'ils considéraient comme très délicat. Lucas lui évidemment n'avait pas à faire face à une pseudo diplomatie de bon aloi.
- Elle est où sa mère ? Pourquoi elle est pas avec vous ?
Dans le mile !
- Elle n'est pas là car nous allons nous séparer, vivre chacun de son côté.
- Ha... Pourquoi ?
- Parce que c'est ce que font deux adultes qui ne s'aiment plus assez pour vivre ensemble.
- Pourquoi c'est pas elle qui le garde lui ? Il appuya délibérément sur le "lui" de manière dédaigneuse.
- Elle le fera la moitié du temps.
- Vous allez habiter avec nous ?
- Pendant un petit moment.
Lucas sembla réfléchir un instant puis finit par sourire.
- C'est cool. Même si lui il reste aussi.

 

Lorsque Trowa monta voir si Lucas était couché, plus tard dans la soirée, il le trouva assis sur le lit l'air un peu triste.
- Qu'est-ce qui t'arrive.
- Rien.
Il essayait de se montrer courageux mais son ton manquait de conviction.
- Allons tu peux me le dire à moi.
- Tu le répéteras pas ?
- Non.
- Promis ?
- Juré craché.
- Je le déteste.
- Wufei ?
- Non, l'autre.
- Le bébé ?
- Ouai.
- Tu peux m'expliquer pourquoi ?
Trowa l'avait bien compris mais il pensait que les choses seraient plus saines si Lucas exprimait librement ses sentiments, bien qu'il n'ait pas fait de véritable effort pour les dissimuler jusqu'à présent.
- Il m'aimera plus maintenant. Ça va être tout pour l'autre. Il est même pas monté me dire bonne nuit.
- Il prépare un endroit sûr où coucher le bébé mais je suis certain qu'après il viendra.
- Je suis sur que non il en a rien à faire de moi.
- Ne dis pas n'importe quoi. Wufei t'aime énormément.
- Je voulais qu'il me lise l'histoire sur le livre que tu m'a acheté.
- Il va venir je te dis.
- Pfeu.
- On pari ?
- Quoi par exemple ?
- Si Wufei passe cette porte dans les dix minutes qui suivent tu feras un effort pour connaître Shaozu et tu seras gentil avec lui.
- Et si c'est moi qui gagne ?
- Alors je t'achète un pingouin.
- T'es bête. Une tortue qui va dans l'eau...
- Hors de question. Lorsque l'on garde ce genre d'animal en captivité il est souvent malade ou triste parce que l'on ne peut pas lui offrir un bon espace vital. Et après il meurt. Mais si tu veux je t'emmènerais à l'aquarium, on peut y voir des tas de poissons et de tortues de mer.
- D'accord.
Ils attendirent en silence contrôlant le temps qui s'écoulait sur la montre de Trowa. Cinq minutes. Huit.
- Je cois que tu vas perdre.
- Sache petit impertinent que je ne perd jamais.
Et comme pour confirmer les dires de son ami Wufei pénétra dans la chambre.
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Trowa me parlait de l'aquarium... Dis tu m'emmènera Wufei ?
La crapule ! Il essayait de gagner sur tout les tableaux.
- Pourquoi ? Tu as décidé d'apprendre à nager à mon fils ? interrogea le chinois franchement goguenard. Les tigres ne font plus l'affaire.
Entre temps il s'était assis sur le bord du lit inoccupé.
- Nan. Si tu reste un peu avec moi je serais super gentil.
Et pour montrer à quel point il pouvait être gentil il se blotti contre Wufei pour lui faire un méga câlin.
- Dis tu me raconte une histoire ?
- Tu sais qu'il est vingt deux heures et que tu devrais être en train de dormir ?
- J'ai pas sommeil.
- Moi si.
- Alors tu dors avec moi.
- C'est Trowa qui dort avec toi moi je dors dans le salon.
Il se serra encore plus contre Wufei pour le convaincre.
- Je serais super super gentil.
- Bon d'accord.
- Et l'histoire tu me la lit... Rien qu'un petit bout...
Wufei prit le livre sur la table de nuit.
- Tu lui as acheté la chèvre de Mr Seguin ! C'est horrible comme histoire !
- C'est lui qui a absolument voulu celui-ci, moi je voulais acheter petit goupil.
- Tu connais cette histoire Lucas ?
- Un peu.
- Pourquoi tu l'as choisie.
- Je sais pas.
- Mais tu sais ce qui arrive à la fin de l'histoire ?
- Ouai le loup la bouffe.
- Et ça ne te rends pas triste ?
- Ho si ! Mais elle est courageuse, elle se bat toute la nuit. Et puis si quelqu'un l'avait amené à l'aquarium elle ne se serait pas enfuit dans la montagne parce qu'elle ne se serait pas embêté.
Trowa se leva en riant.
- Je regagne mon canapé, je vous laisse. Bonne nuit.
- Attends je descend avec toi il faut que je prenne mes affaires.
- Bonne nuit Trowa. Murmura Duo qui baignait dans une aura de contentement.
Wufei espérait que lorsqu'il remonterait, Duo dormirait mais il déchanta très vite. Celui-ci l'attendait les yeux grands ouverts, son livre à la main.
- Tu ne préférerais pas une histoire de dragon ?
- Si tu veux.
Wufei passa un pyjama bleu roi à col mao puis rejoignit le jeune homme sous les couvertures. Là il lui conta l'histoire d'Hector un dragonneau très triste qui n'arrivait pas à cracher du feu comme ses camarades, ce qui pour un dragon, même petit, est une véritable humiliation.
- Bah elle est pas plus drôle que la mienne ton histoire !
- Non mais la mienne elle finit bien.
Lucas allait rétorquer qu'elle n'était pas intéressante mais il renonça, après tout il s'en moquait, lui ce qu'il voulait c'était entendre la voix du chinois, grave et douce, qui murmurait des mots uniquement pour lui tandis qu'il reposait dans ses bras, au chaud, en sécurité et surtout aimé.
Wufei de son côté oubliait qu'il avait du laisser à sa femme l'appartement, la maison de campagne, la voiture et surtout mentir en disant qu'il allait s'installer chez Heero. Elle semblait vouloir accepter la garde partagée parce qu'elle souhaitait reprendre ses études ce n'était donc pas le moment d'en rajouter une couche. Mais Wufei ne se sentait pas à l'aise dans le mensonge, il aurait préféré une situation plus nette et se promettait d'y remédier dès que la déception et le ressentiment de Liu connaîtrait une accalmie. Et surtout dès qu'il aurait pu parler de certaines choses avec Duo, notamment de leur avenir.

A suivre...

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