ENNEMI INTIME
Chapitre XXV
Au Cabinet d'avocats pendant que les gboys roucoulent.
Richard leva un sourcil en signe d'interrogation lorsqu'il vit entrer son assistant Franck Albertini de fort bonne humeur. Ce dernier au comble du bonheur sifflotait. C'était une réaction des plus inattendue chez ce jeune homme certes brillant mais taciturne comme un dépressif. Il tenait à la main une grande enveloppe qu'il serrait contre son coeur comme s'il comptait la demander en mariage sous peu.
- Tu me semble bien joyeux tout à coup... Tu n'as rien pris de dangereux pour la santé au moins ?
- Attends de voir ce qu'il y a la dedans boss et tu te mettras à danser sur la table !
Pour appuyer ses dires il passa une main amoureuse sur le papier.
- On nous l'a fait envoyer en express. Elle contient le résultat de recherches effectuées sur la famille Tuong et tiens toi bien... Sur le juge Delareaux.
- Et alors moi aussi j'en ai fait mais je n'ai jamais rien trouvé !
- Tu n'es peut-être pas aussi bon que je le pensais.
- Hé ! Tu veux aller pointer au chômage ?
- En fait tout ça nous a été envoyé anonymement de L3, les documents n'ont pas toujours été récupérés de manière très légal ce que nous ne pouvions pas nous permettre.
- L3 ?
- Oui mais je suis sûr que ça vient de Winner. Il possède l'argent et les connections pour ce genre de choses... Et puis il avait l'air furax lorsque je lui ai dit que ses amis avaient des ennuis. Il m'a fait froid dans le dos. D'ailleurs depuis à la première page de mon bloc notes il est écrit : Ne surtout jamais contrarier Mr Winner.
- OK. Dis moi d'abord ce que tu as sur les Tuong.
Franck retira le premier dossier de l'enveloppe.
- Tu sais qu'ils sont dans l'import-export...
- Évidement.
- Ce que tu ne sais pas c'est qu'ils ont déplacé illégalement deux de leurs usines pour les installer sur L2. Là ils bénéficient de main d'oeuvre bon marché et d'avantages fiscaux... Seulement ils ne pouvaient délocaliser que si l'entreprise était en faillite, ce qui n'était absolument pas le cas.
- Et ?
- Et par une coïncidence inexpliquée et inexplicable deux de leurs usines ont pris feu juste après qu'ils aient résilié leur contrat d'assurance.
- Il y a du y avoir une enquête ?
- Bien sûr.
Franck tendis l'une des feuilles à Richard. Un relevé de banque.
- Le policier en charge de l'affaire a semble t-il touché une très grosse somme juste avant de classer l'affaire.
- Mais s'ils n'avaient pas d'assurance l'incendie a du leur coûter beaucoup d'argent...
- En fait d'après ces autres documents ces deux usines devaient subir des travaux de mises aux normes et de réfection très important, ça leur coûtait finalement moins chère de tout brûler et de tout reconstruire sur L2. Avec l'ensemble de ces documents nous pouvons faire rouvrir le dossier si nous le désirons.
- Et après ? L'entreprise est au père de Liu et c'est son beau frère qui en est le pdg. Ça ne l'implique pas elle.
- C'est là que tu fais erreur. Lorsqu'il a décidé de se retirer des affaires le vieux a garder 30% des actions et a partager les 70% restant entre ses deux filles Mei et Liu. Le beau-frère lui n'est que salarié. Aux yeux de la loi elles sont donc tout aussi responsables.
- Je ne crois pas que Wufei voudrait que nous allions jusque là, elle reste la mère de son fils et il a de l'affection pour elle. C'est un peu sa famille même si elle n'est pas parfaite.
- Cela nous permettrait tout de même de démontrer que question moralité les Tuong ne sont pas des exemples. Mais si Wufei s'oppose à ce que nous remettions ça entre les mains de la justice nous pouvons leur proposer un nouvel accord en leur laissant croire que nous sommes tout à fait prêt à le faire.
- Du bluff ?
- C'est comme ça que beaucoup de joueurs gagnent.
Richard hocha la tête pour marquer son assentiment.
- Et sur le juge tu as quoi ?
Franck sorti l'autre dossier avec une infinie délicatesse et un sourire de requin. Il détestait le juge Delareaux. C'était devenu une affaire personnelle depuis que le magistrat avait refusé à deux reprises de statuer en sa faveur malgré les preuves accablantes que contenait son dossier. Il avait fait preuve de partialité car les clients du cabinet dans cette affaire étaient une prostituée et un new type. Tout à fait le genre de personnes qu'abhorrait "ce trou du cul" comme l'appelait un peu familièrement Franck et Richard.
- Je savais que ce type était un pourri mais à ce point... Figure toi que Monsieur "je suis la moralité incarné et j'en fait profiter tout l'univers" à un frère...
Franck laissa planer un silence pour ménager ses effets et peut-être aussi pour jouir encore une fois de l'information.
- J'ai une chance de connaître la suite avant ma retraite ? Demanda Richard très sarcastique.
- Le frère en question est un travesti. Il se produisait dans un cabaret sur L4. Quand Delareaux a commencé a avoir des ambitions politiques et à vouloir être élu à la tête du "Parti pour la Sauvegarde de la Morale", son frère est devenu très gênant. Et tu sais ce que cet enfoiré a fait ?
- Ne me dis pas qu'il l'a noyé ? Plaisanta Richard. Enfin à moitié.
- Non rien d'aussi définitif Dieu merci mais il l'a fait abusivement interné.
- Et tu as des preuves de ça ?
- Ben pas exactement mais si on remet ce dossier aux médias je connais un juge qui va avoir de sacrées migraines. Une fois que ce sera publique il y aura forcément enquête. Il ne pourra pas étouffer l'affaire.
- D'où Winner tient-il ses informations ?
- D'une infirmière. Elle nous a fournis une photocopie du dossier psychiatrique. Après analyse il a été démontré que le traitement qu'il reçoit n'est destiné qu'à le maintenir dans les vapes... On tient ce salaud par les couilles !
Richard fit une grimace devant la vulgarité de son assistant.
- S'il y a une partie par laquelle je ne souhaite pas tenir ce gars c'est bien celle là !
Franck secoua la tête.
- T'es vraiment un pervers ! Parfois tu me fais peur !
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Deux jours plus tard
Lorsque Wufei rentra il eu la désagréable impression que ses tympans allaient exploser. Depuis qu'il vivait avec Duo ses sens était mis à rude épreuve. Il baissa le volume et parti en quête de son compagnon qu'il trouva à l'étage dans la chambre contiguë à la leur. De toute évidence l'américain avait encore délaissé son roman pour faire autre chose et là en l'occurance c'était de la peinture. Perché sur une grande échelle, il montait et descendait avec entrain un rouleau de couleur jaune bouton d'or. Il se dandinait en rythme et braillait les paroles d'un vieux rock "On the dark side". A l'entrée du chinois Duo, téméraire, se retourna tout sourires dans un mouvement brusque. Wufei conscient de sa position précaire s'énerva un peu.
- Fais attention shazi !
Il se mis près de l'échelle et Duo se laissa volontairement tombé dans ses bras.
- Tu es fou ! Et si je ne t'avais pas rattrapé ?
- Mais tu me rattraperas toujours n'est-ce pas ? Et puis ce n'est pas si haut. Où est passé mon aventureux pilote de gundam ?
- Il est devenu psychiatre, il a vieillit, il a un fils et il est amoureux, il trouve donc toute conduite de ce genre inutile et dangereuse. Et c'est suffisamment haut pour que tu te fasses mal !
Duo fit la petite moue désolée qui en générale calmait Wufei illico. L'asiatique soupira, vaincu au bout de cinq secondes.
- Je peux savoir ce que tu es en train de faire ?
- Je peins.
- Oui ça je vois bien mais pourquoi maintenant ? Je croyais que tu devais travailler sur ton livre. Tu as des échéances et tu as perçu une avance.
- Je le sais très bien ! Tu crois que c'est facile ? Ça ne vient pas, j'avais besoin de me changer les idées. C'est une chambre pour le bébé. J'ai pris une peinture sans odeur mais il vaut tout de même mieux faire les travaux en avance pour être sûr...
Wufei enlaça Duo malgré les taches qui constellaient ses vêtements et l'embrassa sur le bout du nez.
- Nous n'avons pas encore gagné et rien n'est certain...
- Je sais mais il faut positiver.
- Positiver ? Toi tu as parlé à Richard.
Le sourire de Duo s'élargit.
- Oui. Il a appelé il y a deux heures pour dire que le juge avait fixé l'audience à demain 16 heures mais qu'il ne fallait pas s'inquiéter car tout va on ne peut mieux. Il est très confiant. Tu pourras même assister à l'audience finalement.
- Tant mieux. C'est quoi ce carton ?
- Ha ça c'est une merveille ! Je suis passé voir Heero et Trowa cette après midi, continua Duo tout en ouvrant le paquet, ils veulent descendre dans les catacombes lundi pour chercher l'incube, je te raconterais plus tard. L'américain sorti un immense mobile avec des papillons multicolores aux ailes de soie. C'est pas magnifique ?
Admiratif Wufei passa un doigt léger sur l'étoffe. C'était peint à la main, le travaille était méticuleux et recherché aux niveau des couleurs. Il se dégageait de l'ensemble une luminosité et une légèreté extraordinaire. Les fils invisibles et leur position stratégique laissaient penser qu'ils voletaient réellement devant eux.
- C'est un travail formidable ! Où tu l'as trouvé ?
- Et bien j'ai décris à Heero ce que je voulais il y une semaine et il l'a réalisé. Il est doué hein ?
- Heero !!! Heero fait de la peinture sur soie !!!
Wufei ne pu contenir son fou rire.
- Hé ! Je ne vois pas ce qui a de drôle ! Il n'y a rien de honteux à faire de la peinture sur soie !
- Pour une onna non... Mais l'ex soldat parfait ! Si seulement le professeur J était encore là pour voire ça !
- Arrête de rire, tu devrais avoir honte d'être toujours aussi sexiste !
Duo rangea le mobile dans sa boîte.
- Pour la peine abstinence pendant quatre jours.
Là Wufei ne rigolait plus du tout.
- Ça t'apprendra à te moquer d'un ami qui te fais un cadeau.
Et Duo quitta la pièce fier comme un prince. Mais Wufei retrouva le sourire, un sourire de prédateur.
- Tu ne tiendra jamais quatre jours... souffla-t-il.
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Le Lendemain 16 heures.
Wufei, Duo et Richard s'installèrent dans le bureau du juge. Le magistrat les dévisagea puis les salua de manière polie mais distante. Il était maigre comme un roseau, sec comme du pain rassis et avenant comme la syphilis. Wufei le détesta d'emblée, Duo l'abomina et Richard continua à l'exécrer.
- Ceci est une près audience, je ne rendrais aucun verdict aujourd'hui. Je veux juste me faire une opinion sur monsieur Maxwell afin de savoir si les inquiétudes de Madame Chang quant à la sécurité de son fils sont fondées.
Il jeta un regard venimeux aux trois personnes qu'il soupçonnait fort d'être à l'origine de l'envoi de certains documents puis ouvrit le dossier devant lui avec un air de contentement qui déplu à l'avocat.
- Bien commençons... Il semblerait que vous ayez une vie plutôt agitée Monsieur Maxwell...
- Pas plus que le moyenne Monsieur le juge. Rétorqua l'américain, chacun appuyant délibérément sur la dénomination de l'autre.
- Ces dernières années vous avez tout de même été arrêté cinq fois pour coups et blessures ce qui tendrait à prouver que vous êtes de nature violente.
- Il n'y a eu aucune poursuite. Il a été prouvé à chaque fois que mon client était en légitime défense. Intervint Richard à la grande surprise de Duo. De toute évidence il avait enquêté et ne s'était pas contenté de ses assertions.
- Oui mais d'après les témoignages que vous m'avez fournit il semblerait aussi que votre client ait beaucoup d'amis influents.
- Vous voulez dire que les cinq juges ayant statué sur ces affaires n'ont pas fait preuve de l'impartialité que requérait leur position... Demanda Richard doucereux
Le juge Delareaux pinça les lèvres, il savait pertinemment que continuer dans cette voie pourrait le conduire à la diffamation. Et ce n'était certainement pas le moment de se faire des ennemis.
- Passons à la suite... Vous avez été arrêté à deux reprise pour racolage. Là Duo sentit nettement Wufei sursauter. Et travestie en femme qui plus est.
- Une regrettable erreur comme vous avez pu le lire. Continua Richard. On ne racole pas le sénateur Girard ou le comte de Beaumont. Monsieur Maxwell leur tenait juste compagnie, tout cela est expliqué très clairement si j'ai bonne mémoire. Quant au fait que mon client était travesti nous savons que cela est du à sa maladie, maladie aujourd'hui soigné par son compagnon, psychiatre renommé, et par le médecin que vous avez vous même choisit pour évaluer l'état mental de monsieur Maxwell.
- Et vous allez me dire aussi que si monsieur Johnson a légué tout ses biens à votre client c'est pour le plaisir de sa compagnie.
- Pas tout ses biens Monsieur le juge. Uniquement la maison de Monmartres et les deux immeubles qui lui sont contiguës. Les uns comme les autres demandaient de sérieuses restaurations.
- Néanmoins les héritiers ont estimé que votre client avait profité de la sénilité d'un vieillard.
- La court a reconnu qu'il était en pleine possession de ses capacités intellectuelles et physiques lorsque le testament a été rédigé. Les plaignants ont été débouté.
- Vous admettrait tout de même maître que monsieur Maxwell semble avoir souvent affaire à la justice.
- En effet mais a chaque fois la justice a reconnu son innocence. De plus si je peux me permettre je ne vois pas l'intérêt de revenir sur ces affaires, étant donné quelles sont classées vous n'avez plus à en tenir compte.
- Vous n'avez pas à me dire de quoi je dois tenir compte maître.
- L'expertise psychiatrique a démontré que mon client n'était pas dangereux. Il a travaillé pendant de nombreuses années à la DASS sans qu'il y ait de problèmes, vous avez lu je présume les nombreux témoignages de ses collègues et de sa hiérarchie. Il donne également beaucoup de son argent et de son temps a des oeuvres de bienfaisance dont un orphelinat patronné par la Reine de Sank et par Monsieur Raberba Winner. La Reine a accepter de nous dire de vive voix toute l'estime et l'amitié quelle porte à mon client et à quel point elle serait contrarié qu'on l'accuse à tord. Quant à Monsieur Raberba Winner il est "déjà" très irrité que son meilleur ami soit en bute à des médisances. Je conçois que Madame Chang s'inquiète pour son fils mais c'est parce qu'à l'évidence elle ne connaît pas mon client.
Le juge Delareaux savait pertinemment que dans sa position et avec ses ambitions politiques il ne pouvait se permettre de se mettre à dos deux personnes comme Peascraft et Winner.
- Et vous Monsieur Chang que pensez vous de tout cela ? Vous êtes bien silencieux depuis le début de l'entretient.
C'est a ce moment là que Richard compris pourquoi le juge avait accepté la présence de Wufei et pourquoi il avait pris soin de revenir avec autant de précision sur le passé de Duo. Il cherchait a déstabiliser l'asiatique par des révélations qu'il supposait ignorées de celui-ci. A juste titre d'ailleurs.
- Shaozu est mon fils. Croyez vous que je mettrais sa vie ou sa santé en danger ?
- L'égarement des sens fait faire bien des erreurs.
Wufei prit son air le plus hautain pour répondre.
- Pas a moi.
- Votre femme vous a pourtant surpris dans une position plutôt délicate.
L'asiatique serein afficha un sourire narquois.
- Je ne me suis égaré que deux fois dans ma vie. La première durant la guerre et la seconde en me mariant alors que j'étais amoureux de Duo. Je ne faisais que réparer mon erreur dans cette salle de bain.
- Et son passé ne vous gêne pas ?
- J'ai du apprendre à vivre avec le mien alors je peux vivre avec le sien.
- Et puis... Rajouta Richard nous avons tous des taches dans notre passé... N'est-ce pas ? Nous faisons parfois des choses regrettables. Mais je vous rappelle que mon client a été reconnu innocent de tous les faits qui lui ont été reprochés.
Le juge de très mauvaise humeur hocha la tête.
- Vous pouvez partir. Je vous ferais connaître ma décision d'ici deux jours. Au revoir.